(Montréal) L’action de Marché Goodfood perdait plus de 26 % mercredi, après que l’entreprise montréalaise a reconnu que l’assouplissement des mesures sanitaires avait freiné sa croissance cet été. Le spécialiste des mets prêts à cuisiner espère que l’épicerie en ligne redonnera un élan à ses activités.

La saison estivale est généralement une période plus creuse pour la société. Les assouplissements aux mesures sanitaires au Canada ont accentué le phénomène, a expliqué le cofondateur et chef de la direction de Goodfood, Jonathan Ferrari, lors d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du quatrième trimestre de son exercice 2021.

Ses ventes ont reculé de 5 % à 79 millions $ pour le trimestre clos le 31 août. M. Ferrari a souligné que les revenus demeuraient « nettement supérieurs » à ceux enregistrés avant la pandémie, qui s’élevaient à 56 millions $ au quatrième trimestre 2019. « Ça démontre la résilience du modèle d’entreprise tandis qu’il y avait une énorme demande latente pour les activités extérieures », avance-t-il.

L’argument n’a pas convaincu les investisseurs. L’action perdait 1,90 $, ou 26,39 %, à 5,30 $ à la fermeture de la Bourse de Toronto.

Avant la publication des résultats, les analystes interrogés par Refinitiv anticipaient en moyenne des revenus de 91 millions $. Luke Hannan, de Canaccord Genuity, estime que les résultats du quatrième trimestre sont « significativement » inférieurs aux attentes.

À la fin du trimestre, l’entreprise a dit avoir 298 000 abonnés actifs. Un chiffre « très en deçà » de la prévision de 308 000 abonnés formulée par M. Hannan. Les ventes en gros par abonné, à 284 $, sont aussi plus basses que celles de 310 $ qu’il avait anticipées.

« L’assouplissement des mesures sanitaires a permis aux clients de manger plus de repas à l’extérieur de leur domicile que ce qui est typiquement observé durant les précédents quatrièmes trimestres, commente l’analyste financier dans une note. Les abonnés actifs ont donc commandé moins souvent, tandis que d’autres ont décidé de ne faire aucune commande. »

M. Ferrari s’est voulu rassurant lors de l’appel téléphonique mentionnant que les activités avaient rebondi depuis le creux des mois de juillet et août. Il a cependant laissé entendre qu’avec l’assouplissement des mesures sanitaires et la météo plus clémente en septembre et octobre, il faudrait attendre au trimestre couvrant les mois de décembre, janvier et février, avant de revenir à un rythme de croissance plus vigoureux.

La prévision met la table pour des jours plus difficiles, croit M. Hannan. « En ajoutant les coûts liés aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement, qui plomberont les marges, nous croyons que l’exercice 2022 pourrait être difficile pour Goodfood. »

Épicerie en ligne

Le cofondateur a passé une grande partie de la conférence téléphonique à discuter de ses projets dans l’épicerie en ligne, faisant miroiter un marché potentiel « considérable ». Il croit que 20 % du marché total de 140 milliards de l’épicerie canadienne migrera vers les services de livraison rapide.

« C’est plus facile pour un client de passer une commande en ligne qui sera livrée en moins d’une heure, avance-t-il. C’est plus rapide que de se rendre en voiture à l’épicerie, de prendre ce dont vous avez besoin et de revenir à la maison. »

L’entreprise effectue ses premiers pas dans la livraison en moins d’une heure. Ce service est déjà disponible à Toronto. Il sera offert à Montréal à partir du 22 novembre. L’entreprise offre également la livraison le jour même à Vancouver depuis septembre.

Goodfood offre une variété de 1000 produits que ses clients peuvent mettre dans leur panier d’épicerie par rapport à 970 en juillet. Elle vise d’en avoir près de 4000 à moyen terme.

Frédéric Tremblay, de Desjardins Marché des capitaux, reconnaît que le trimestre est décevant, mais il voit d’un bon œil les projets de l’entreprise montréalaise. « Nous continuons d’aimer le potentiel qu’a Goodfood de miser sur ses forces dans les boîtes-repas et de profiter du commerce en ligne. »