Les perspectives favorables pour l’aluminium ont finalement décidé Rio Tinto à augmenter sa production d’aluminium au Saguenay avec un investissement de 110 millions (87 millions US).

Cet investissement, le premier du genre en près d’une décennie, permettra d’augmenter de 45 % la production de son usine d’Arvida, qui utilise la nouvelle technologie AP60. L’annonce a été faite sur place mercredi par le nouveau chef de la direction de la division Aluminium de Rio Tinto, Ivan Vella, et le directeur par intérim des opérations Atlantique de l’entreprise, Sébastien Ross.

Ivan Vella a indiqué que d’autres investissements pourraient être annoncés prochainement. « Nous évaluons actuellement des possibilités d’investissements supplémentaires, alors que nous progressons dans le développement de la technologie d’électrolyse sans carbone Elysis avec nos partenaires », a dit le dirigeant, qui était jusqu’à tout récemment responsable de la filière du fer chez Rio Tinto.

Rio Tinto prévoit que le marché mondial de l’aluminium connaîtra une croissance moyenne de 3,3 % par an au cours de la prochaine décennie, la forte demande étant stimulée par la transition énergétique et la décarbonation.

Ce projet d’investissement était dans les cartons de l’entreprise depuis plusieurs années. Il prévoit l’ajout de 16 nouvelles cuves qui feront passer la production d’aluminium primaire de 60 000 à 86 500 tonnes par année au centre d’électrolyse AP60 inauguré en 2013.

Un investissement qui assure le maintien de 100 emplois

Il s’agit d’une annonce très attendue dans la région, qui se désespérait de l’absence d’investissement de Rio Tinto au Saguenay alors que le prix de l’aluminium est en forte augmentation. Même s’il ne s’agit pas d’un investissement majeur à l’échelle de l’industrie, il s’agit d’une très bonne nouvelle, a commenté Donat Pearson, président du Syndicat national des employés de l’aluminium d’Arvida, affilié à Unifor.

Le syndicat craint des pertes d’emplois avec le remplacement graduel de l’ancienne technologie par le procédé AP60. « Jusqu’à maintenant, c’est toujours ça qui est arrivé », dit Donat Pearson au sujet des innovations technologiques implantées dans les usines du Saguenay.

L’investissement annoncé assure le maintien de 100 emplois, a fait savoir l’entreprise, qui emploie 4000 personnes dans la région. Les nouvelles cuves seront installées dans le bâtiment existant et l’augmentation de la production ne nécessitera pas d’approvisionnement supplémentaire en électricité. Les travaux devraient commencer au printemps 2022.

PHOTO ROCKET LAVOIE, LE QUOTIDIEN

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation et responsable du développement régional, a participé à l’annonce de mercredi.

L’augmentation du nombre de cuves du centre d’électrolyse AP60 avait été planifiée dès la construction de l’usine par Rio Tinto. Son projet initial prévoyait que sa production augmenterait graduellement jusqu’à 450 000 tonnes par année. Mercredi, l’entreprise a précisé qu’elle étudierait la possibilité d’ajouter encore plus de cuves sur le même site. Cette future production pourrait remplacer celle qui utilise l’ancienne technologie et qui doit cesser en 2025 pour se conformer aux normes environnementales.

La technologie AP60, développée par Aluminium Péchiney et utilisée depuis 2013 à petite échelle au Saguenay, permet de réduire les émissions polluantes associées à la production d’aluminium. Selon Rio Tinto, le procédé génère sept fois moins de gaz à effet de serre que la production moyenne de l’industrie.

La technologie AP60 et la technologie d’électrolyse sans carbone Elysis actuellement en développement avec Alcoa au Saguenay sont considérées comme des voies d’avenir par Rio Tinto.

Aucun projet de nouvelle aluminerie ou d’expansion majeure n’apparaît toutefois à l’horizon. Mardi, en annonçant que le gouvernement du Québec investirait 475 millions pour aider les alumineries à réduire leur empreinte environnementale, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre à une augmentation de la production de métal primaire au Québec. Les investissements seront concentrés dans la technologie, selon lui. « On ne verra pas beaucoup de nouvelle capacité », a-t-il dit.

Le gouvernement québécois prévoit que l’industrie investira 2,5 milliards au Québec au cours des prochaines années.