Après avoir vendu près de 35 000 unités de son ingénieux GPS pour vélo, la petite entreprise montréalaise SmartHalo ferme ses portes.

En entrevue, Xavier Peich, cofondateur et PDG de la startup qui a fait sa marque dès 2015 en récoltant 500 000 $ sur Kickstarter, se dit « vraiment déçu ». « On a vraiment tout essayé […] Mais entre le design et la production commerciale, il y a beaucoup d’étapes. J’aimerais pouvoir rembourser tout le monde, mais il ne reste plus rien. » Comme l’a rapporté dans un premier temps le Journal de Montréal mardi, les appareils SmartHalo en circulation ne sont plus fonctionnels. Sur la page Facebook de l’entreprise, de nombreux clients ont témoigné avoir reçu un courriel leur annonçant la fermeture. On estime que sur les 16 000 clients qui ont commandé leur SmartHalo 2 lors de la plus récente campagne KickStarter, au coût de 134 $, à peine 7000 l’ont reçu. Plusieurs clients furieux menacent sur Facebook l’entreprise de poursuites.

« Je comprends que les gens qui ont commandé soient fâchés, convient M. Peich. Ce sont les limites de l’“internet of things” : quand les serveurs ferment, ça ne marche plus […] Et quand on achète sur KickStarter, il y a toujours un élément de risque. On aimerait rembourser les gens, mais il ne reste plus rien. »

Tout avait pourtant bien commencé pour SmartHalo, avec un appareil qui avait séduit des milliers de consommateurs dans 70 pays. La nouvelle génération, le Smart Halo 2, avait attiré 2 millions en précommandes. La COVID, avec les restrictions sur les déplacements et l’approvisionnement, est venue s’en mêler. « Devoir faire ça à distance, c’est vraiment difficile, apporte M. Peich. Gérer les commandes à distance, c’était un cauchemar. Tout a pris beaucoup plus de temps, on avait une grosse équipe, on brûlait tellement d’argent qu’à un moment donné, ce n’était tout simplement plus possible. »

Le SmartHalo est un appareil rechargeable de la taille d’une rondelle de hockey, dont l’affichage est composé de diodes multicolores. Connecté à un téléphone intelligent, il permet d’indiquer les directions et sert également d’antivol et d’odomètre. Le SmartHalo 2, offert à partir de 2019, lui, est doté d’un écran OLED plus sophistiqué qui affiche en plus la température, le nom des rues ou le nom de l’appelant. Cette dernière version avait été choisie par le magazine Time en 2019 parmi ses 100 meilleures inventions de l’année.

« Avec le recul », précise M. Peich, il ne se serait pas lancé dans un projet où il doit assumer l’aspect réseau d’un produit vendu sans abonnement. « Si t’aimes une boulangerie, tu vas y retourner tout le temps. Les gens ont beau aimer le SmartHalo, ils ne paient qu’une seule fois et ils n’y retournent pas. La maintenance à elle seule devient exponentielle. »