Salon aéronautique de Dubaï Airbus gonfle son carnet de commandes… ainsi que celui de l’A220

Une trentaine d’appareils devraient s’ajouter au carnet de commandes de l’A220 à la suite du salon aéronautique de Dubaï, où Airbus accumule les nouveaux contrats – signe que l’industrie reprend de l’altitude après avoir été fortement secouée par la pandémie de COVID-19.

Air Lease Corporation (ALC) a signé, lundi, une lettre d’intention avec le géant européen pour lui acheter 111 appareils de toutes ses familles d’avions, dont 25 A220-300. Selon les prix catalogues de 2018 – ces chiffres ne font plus l’objet d’une mise à jour –, le contrat serait d’environ 2,3 milliards US pour les A220. Les clients obtiennent généralement d’importants rabais. Cette commande doit être finalisée dans les « prochains mois ».

Mardi, c’est Ibom Air qui devrait annoncer une entente pour au moins 10 A220-330, selon les informations obtenues par le média spécialisé Air Insight. Airbus n’a pas voulu commenter cette possibilité, lundi.

Si le niveau d’activité n’est toujours pas revenu à ce qu’il était en 2019 avant la crise sanitaire, le président-directeur général d’Airbus Canada, Benoît Schultz, soulignait, la semaine dernière, que de plus en plus de compagnies aériennes regardaient « vers l’avant ».

« Les discussions avec les clients potentiels sont beaucoup plus vigoureuses comparativement à il y a six mois, avait-il expliqué, au cours d’un évènement médiatique. Ce que l’on voit, c’est que nos clients regardent de nouveau vers l’avant. »

Depuis le début de l’année, Airbus a décroché deux commandes fermes pour l’A220 : la première pour 20 appareils en mars dernier et la deuxième pour un avion trois mois plus tard. À la fin de septembre, Italia Trasporto Aereo signalait vouloir commander sept A220-300 en plus d’en recevoir 15 autres d’ALC.

Selon l’agence Bloomberg, Lufthansa, dont la filiale Swiss est l’un des principaux exploitants de l’A220, envisagerait de commander davantage d’appareils. Embraer, avec sa famille d’avions E190-E2 et E195-E2, serait également sur les rangs.

Éventuelles retombées à Mirabel

La société de location d’avions californienne avait déjà commandé 50 appareils de l’ex-C Series de Bombardier. Même s’il s’agit d’un client américain, cela ne veut pas dire que tous les avions seront assemblés à Mobile, en Alabama.

La principale chaîne d’assemblage de l’A220 de Bombardier se trouve à Mirabel, dans les Laurentides, où travaillent quelque 2500 personnes. Le syndicat des Machinistes espère que de nouvelles commandes se traduiront « bientôt par le rappel » des quelque 350 salariés « en mise à pied » depuis mai 2020.

Contrôlé par Airbus, le programme, toujours déficitaire, est aussi détenu par l’État québécois (25 %). Avec 464 avions à livrer en date du 31 octobre dernier, le carnet de commandes couvre plusieurs années de production. Cela ne semble pas freiner la conclusion d’ententes.

Le portrait semble différent chez Embraer. Au 30 septembre, le constructeur brésilien avait environ 160 avions 190-E2 et 195-E2 à livrer. Le plus récent contrat d’envergure remonte à juillet dernier, quand Porter Airlines avait commandé 30 appareils avec des options pour 50 autres. Les livraisons doivent débuter l’an prochain.

« C’est un bon avion, mais Embraer a de la difficulté à rivaliser avec la force de commercialisation d’Airbus et sa capacité à offrir de meilleurs prix, a observé Richard Aboulafia, de la firme Teal Group. Ironiquement, ils sont dans la même posture que Bombardier lorsqu’elle était propriétaire de la compagnie. »

Une accélération de la reprise pourrait toutefois aider l’avionneur brésilien, croit l’analyste américain. Actuellement, la plupart des compagnies achètent des avions afin de les obtenir en « 2024, 2025 et 2026 », affirme M. Aboulafia. Les avions d’Embraer pourraient convaincre certains transporteurs plus impatients.

Airbus accélère progressivement la cadence de production de l’A220. L’avionneur ambitionne d’en assembler 14 par mois, pour un total de 168 livraisons annuelles, à Mirabel et en Alabama vers 2025.