Olymel, le plus important producteur et transformateur de porcs au Québec, vient de nommer un tout nouveau président-directeur général. À la suite de la mort récente de Réjean Nadeau, Yanick Gervais, qui a déjà été à la tête de La Fernandière, spécialisée dans la confection de saucisses, prendra les rênes de l’entreprise.

À peine installé à son nouveau bureau, M. Gervais sait que bien des dossiers l’attendent. Le blocus chinois, qui nuit aux exportations de porcs de l’entreprise vers le pays asiatique, la pénurie de main-d’œuvre et ses relations avec les Éleveurs de porcs du Québec comptent parmi les plus importants.

« Ce sont de gros souliers à chausser », convient d’emblée le nouveau patron, âgé de 42 ans, dont la nomination a été annoncée publiquement par l’entreprise, jeudi.

« Ce n’est pas la situation idéale », dit-il en faisant référence à son prédécesseur. « J’étais très proche de M. Nadeau. C’est sûr que ç’a été un choc pour tout le monde. Ce qu’on peut faire de mieux pour rendre hommage à ce qu’il a fait, c’est de poursuivre la croissance et l’optimisation d’Olymel », a-t-il affirmé au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse.

Rappelons que le précédent président-directeur général, Réjean Nadeau, a succombé en octobre à un cancer fulgurant. C’est d’ailleurs Yanik Gervais qui avait été désigné pour assurer l’intérim.

Il n’est donc pas un nouveau venu dans l’organisation. La Fernandière, entreprise familiale qu’il a dirigée pendant une dizaine d’années, a été acquise par Olymel en 2016. « De fil en aiguille, j’ai fait la transition de La Fernandière vers Olymel », explique-t-il. Jusqu’à tout récemment, le comptable et fiscaliste de formation occupait les fonctions de vice-président principal aux opérations. Il était responsable de la gestion d’une trentaine d’usines de transformation de porc et de volaille au pays.

« Ce sont des collègues qui deviennent ma garde rapprochée. La réalité, pour moi, ne change pas énormément du jour au lendemain. On a les mêmes défis. On va poursuivre ce sur quoi on travaille. Je ne peux pas vous dire que ça va faire un énorme changement. »

« Ses qualités organisationnelles, sa connaissance des enjeux opérationnels autant que des marchés [local] et étranger, sa compréhension des besoins des clients, son esprit d’équipe et sa vision stratégique du développement de l’entreprise font de Yanick Gervais la personne idéale pour relever les défis du secteur de la transformation agroalimentaire », a quant à lui déclaré dans un communiqué Ghislain Gervais, président des conseils d’administration d’Olymel et de Sollio groupe coopératif, principal actionnaire d’Olymel.

De gros défis

Par ailleurs, bien qu’il travaille en terrain connu, le nouveau PDG doit faire face à d’importants enjeux. Actuellement, la Chine a suspendu le certificat d’exportation de nombreuses usines d’abattage et de transformation de porcs, notamment parce qu’elles ont eu des cas confirmés de COVID-19. Les usines d’Olymel de Vallée-Jonction, de Princeville et de Saint-Esprit sont touchées par ces interdictions, qui n’ont toujours pas été levées.

« On a Ange-Gardien et Yamachiche qui ont cette possibilité [d’exporter vers la Chine]. On travaille sur une diversification de l’offre de produits pour réussir à compenser ce marché qui n’est pas accessible. Il y a beaucoup d’enjeux politiques qui dépassent l’industrie porcine canadienne. Malheureusement, on en a fait les frais. On maintient le cap. On va voir ce qui va se passer. »

Et cette situation – combinée à la pénurie de main-d’œuvre – a fait en sorte que l’entreprise a annoncé qu’elle réduirait ses achats dans la province de 15 000 bêtes par semaine à partir du mois de mars. Elle en achètera 10 000 de moins en Ontario.

Cette décision a soulevé l’ire des Éleveurs de porcs du Québec, qui ont déposé, le 1er novembre, un grief d’urgence à la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec.

« On va laisser le processus suivre son cours », a d’abord indiqué M. Gervais lorsqu’on lui a demandé de commenter la situation.

« Il faut comprendre que, de notre côté, ce n’est pas une décision qui a été prise à la légère. Aucunement, a-t-il ajouté. On veut travailler en toute transparence avec nos partenaires d’affaires, dont les Éleveurs de porcs. La pénurie de main-d’œuvre nous a quand même forcé la main. On n’avait pas les effectifs nécessaires pour bien valoriser la viande qui sortait de nos abattoirs. Si on est capables d’optimiser notre accès à la main-d’œuvre, on reverra les positions. »

Les Éleveurs de porcs ont tout de même salué la nomination de M. Gervais. « Je tiens à féliciter M. Gervais pour sa nomination à la tête d’Olymel. Lui qui possède une feuille de route impressionnante arrive en poste dans une période qui est marquée par de nombreux défis pour notre secteur. Nous lui tendons la main et nous réitérerons l’aspect fédérateur qui doit se dégager de notre filière, dont tous les maillons sont interdépendants », a souligné le président de l’organisation, David Duval, dans une déclaration officielle envoyée à La Presse.

Par ailleurs, au Québec, Olymel a 3000 postes à pourvoir, selon les calculs de M. Gervais. Des équipes ont été formées dans les usines afin de comprendre pour quelles raisons des employés demeurent au sein de l’organisation et d’autres partent. « Maintenant, la majorité des décisions vont se prendre en fonction de la main-d’œuvre. »

Olymel

  • Siège social : Saint-Hyacinthe
  • Propriétaire : Sollio groupe coopératif
  • Chiffre d’affaires : 4,5 milliards
  • Nombre d’usines : 28 usines de transformation de porc et de volaille réparties au Canada, dont 20 sont situées au Québec et les autres en Alberta, en Ontario et au Nouveau-Brunswick
  • Exporte dans 65 pays

Source : Olymel