Le temps des Fêtes ne commencera visiblement pas au même moment dans tous les centres commerciaux. Alors que certains ont décidé de prolonger les heures d’ouverture en semaine à partir du 22 novembre, d’autres attendront jusqu’au 13 décembre, soit deux semaines plus tard qu’à l’accoutumée. L’une des raisons invoquées : la difficulté des commerçants à recruter de la main-d’œuvre.

En règle générale, les centres commerciaux ouvrent les lundis, mardis et mercredis jusqu’à 21 h autour du 1er décembre. Or, la COVID-19 semble avoir changé les règles du jeu. Et la plupart des détaillants interrogés ne sont pas pressés de prolonger leurs journées pour les Fêtes.

Pourtant, les centres commerciaux appartenant à Cadillac Fairview (Promenades St-Bruno, Carrefour Laval et Fairview Pointe Claire) permettront à leurs clients de faire leurs emplettes des Fêtes tous les soirs de semaine à partir du 22 novembre, date un peu hâtive selon les commerçants. « CF prolonge ses heures d’ouverture à compter du 22 novembre pour aider les acheteurs à planifier leurs achats de manière pratique et efficace », a indiqué une porte-parole de Cadillac Fairview dans un courriel envoyé à La Presse.

De leur côté, Jones Lang LaSalle (JLL) (Laurier Québec, Centre Eaton) et le Groupe Mach (Carrefour de l’Estrie) ont décidé d’attendre jusqu’au 13 décembre. « Il y a 40 % de nos détaillants qui ont de la difficulté à demeurer ouverts aux heures de nos centres commerciaux », a souligné Johanne Marcotte, vice-présidente directrice, exploitation nationale et location Québec, chez JLL Canada, à l’occasion d’un évènement de l’industrie immobilière qui se tenait à Montréal la semaine dernière. « C’est un réel défi. Le temps des Fêtes s’en vient. Habituellement, vers le 1er décembre, les détaillants souhaitent que l’on prolonge les heures d’ouverture. Cette année, les centres commerciaux vont ouvrir plus tard, le 13 décembre. C’est exceptionnel. Vraiment. Il faut s’adapter. »

Au Conseil québécois du commerce de détail, le directeur général, Jean-Guy Côté, demande aux bailleurs de faire preuve de « souplesse ». « On ne peut pas penser que c’est comme les années précédentes », a-t-il rappelé au cours d’une entrevue jeudi dernier, accordée en marge de l’évènement TAG – Le commerce à l’ère numérique 2021.

« Ça, c’est le message qu’on a envoyé. On demande une certaine souplesse de la part des bailleurs, de constater qu’il y a certains commerçants qui ont des difficultés à remplir leurs horaires.

« Il y a des commerçants qui aimeraient que ce soit un peu plus tard parce qu’il y a des enjeux de main-d’œuvre. C’est une conversation ouverte entre les bailleurs pour savoir à quel moment on peut prolonger les heures [d’ouverture]. »

Respecter les horaires

« C’est un peu tôt [le 22 novembre], mais on va s’y conformer », assure Louis Dessureault, vice-président à l’exploitation du Groupe Marie Claire (Claire France, Marie Claire, San Francisco, Grenier, Dans un jardin).

« On a besoin de nos clientes et on a besoin de nos ventes. Je ne mènerai pas cette bataille avec les centres commerciaux. Si tout le monde est ouvert, je ne fermerai pas par entêtement. Je vais m’ajuster.

« On a hâte de revoir nos clientes pour la période des Fêtes, parce qu’on n’en a pas vraiment eu de période des Fêtes l’année passée, pas de party, a-t-il tenu à rappeler. La petite robe noire, on ne l’a pas vendue beaucoup. »

Lili Fortin, présidente de Tristan, ne comprend pas le besoin d’ouvrir tous les soirs de la semaine en novembre. « Ça ne nous fait pas plus de ventes et ça nous fait plus d’heures à payer. »

En dehors du prolongement des heures d’accueil en prévision de Noël, des commerçants ont soulevé un problème plus profond : le respect actuel des heures d’ouverture. « Il y a un malaise dans l’industrie du commerce de détail au sujet des heures d’ouverture », lance sans détour Paul-André Goulet, propriétaire d’une dizaine de magasins Sports Experts.

Selon lui, certains détaillants ne respectent pas les horaires établis par les centres commerciaux, ce qui fait en sorte que toutes les boutiques ne sont pas ouvertes en même temps. Un phénomène qui nuit à l’affluence, selon M. Goulet. Il compare un centre commercial à une épicerie, où l’on se verrait mal fermer la section des fruits et légumes ou celle de la viande, par exemple, en donnant accès à tout le reste du magasin.

Un point de vue que partage la grande patronne de Tristan. « C’est sûr qu’il faut que ce soit uniforme, soutient-elle. Les commerçants font un peu ce qu’ils veulent. »

« Les commerçants attirent du trafic, de la fréquentation, ajoute quant à lui M. Dessureault. On aime mieux que tout le monde soit ouvert selon les heures d’ouverture du centre d’achat. »

Daniel Durand, directeur principal, marketing et communications, du Groupe Mach, confirme qu’« il arrive à l’occasion que certains commerçants dérogent à l’horaire habituel ». « On essaie de s’assurer que ça reste des exceptions. Par contre, vu la pénurie de main-d’œuvre pour certains, il est difficile pour eux de rester ouverts à 100 % de l’horaire. »

— Avec la collaboration d’André Dubuc, La Presse