Fragilisés par la pandémie, les transporteurs aériens tentent de réduire leurs coûts. Parallèlement, la pression s’accentue afin qu’ils délient les cordons de la bourse pour améliorer leur empreinte environnementale. Il existe une solution pour concilier ces deux objectifs, et elle a été en partie développée à Montréal.

Elle compte quelque 4500 employés dans le monde entier, dont environ 350 dans la métropole québécoise, mais SITA, qui est établie à Genève, passe sous le radar. Pourtant, elle est un peu partout dans l’industrie aérienne. L’entreprise vient par ailleurs d’offrir un nouveau moyen pour partager plus rapidement les preuves de vaccination des voyageurs.

Depuis cette année, le géant suisse est également capable de proposer une solution « de A à Z » aux compagnies aériennes pour réduire leur consommation de carburant – une de leurs principales dépenses – et par le fait même, leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).

Comment y arriver ? En compilant une multitude de données permettant de déterminer quelle est la vitesse optimale lors du décollage, l’altitude à atteindre pendant la phase de croisière ainsi que le moment où il faut amorcer la phase d’atterrissage. L’entreprise analyse aussi la vitesse des vents, les données météorologiques ainsi que la pression atmosphérique pour améliorer les trajets.

« Si vous prenez la flotte d’une compagnie aérienne d’environ 40 avions, juste en optimisation avec le décollage, vous annulez complètement les émissions de CO2 d’un avion sur la flotte », explique Sébastien Fabre, directeur général de SITA for Aircraft, le secteur de l’entreprise qui offre des services aux compagnies aériennes, de passage dans la métropole pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire.

Pour des appareils moyen-courriers (comme les Airbus A321 et la famille Boeing 737), l’économie annuelle de carburant peut atteindre « environ » 1 million de dollars, d’après M. Fabre.

Gains rapides

À l’échelle mondiale, l’industrie aéronautique est responsable d’environ 3 % des émissions de GES.

Si l’industrie veut atteindre « zéro émission nette » en 2050, comme l’a indiqué l’Association internationale du transport aérien (IATA), elle aura besoin des « carburants alternatifs » et des nouvelles générations de moteurs et d’avions, qui représentent près de 80 % de l’effort, selon le directeur général de SITA for Aircraft.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Sébastien Fabre, directeur général de SITA for Aircraft

L’autre 20 %, c’est sur ce que nous accomplissons sur les opérations. C’est disponible maintenant et c’est rentabilisé en quelques jours. On parle d’un logiciel, pas de changer les moteurs d’un avion. Il n’y a pas beaucoup de barrières à l’investissement.

Sébastien Fabre, directeur général de SITA for Aircraft

Montréal accueille, avec Singapour, l’un des deux centres de surveillance dans lesquels on gère à distance des aéroports partout sur la planète. C’est aussi dans les installations montréalaises, qui jouent un « rôle clé », que SITA a en partie développé ses solutions d’optimisation des vols. Il a fallu cinq années pour offrir une solution complète.

Selon M. Fabre, 25 compagnies aériennes, dont Transavia, qui fait partie du groupe Air France/KLM, et le transporteur norvégien à bas coût Flyr AS, ont opté pour la solution de SITA. Celle-ci est également offerte dans le jet d’affaires Challenger 3500 de Bombardier présenté en septembre dernier.

« Il y a environ deux à trois fois plus de compagnies aériennes en phase d’essai », a expliqué M. Fabre, en précisant qu’il y avait des clients potentiels chez les transporteurs nord-américains.

SITA se penche maintenant sur l’optimisation de la consommation des avions lors des « mouvements au sol », selon son haut dirigeant.

« Ils représentent 5 % de la consommation de carburant, souligne M. Fabre. Ce qu’on essaie de faire, c’est d’éviter qu’un avion s’arrête pour ensuite redémarrer avant le décollage. »

Beaucoup de données

Achat de billets d’avion, enregistrement en ligne, terminaux aux portes d’embarquement : sans le savoir, les voyageurs sont accompagnés par bon nombre des solutions informatiques de ce géant suisse.

L’entreprise a accès à une montagne de données provenant des avions eux-mêmes, des systèmes de gestion des bagages et des déplacements des voyageurs dans les aéroports, notamment.

Elle vient d’offrir aux gouvernements du monde entier la possibilité de se connecter à sa plateforme pour faciliter la vérification des données médicales et sanitaires – comme les preuves de vaccination – des voyageurs.

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Sébastien Fabre, directeur général de SITA for Aircraft

Chaque pays a son propre système [de preuve de vaccination]. Nous avions déjà développé un système pour vérifier les passeports et les visas, par exemple. On veut faire le lien entre les compagnies aériennes et les gouvernements. On a étendu cela aux données médicales.

Sébastien Fabre, directeur général de SITA for Aircraft

À l’instar des compagnies aériennes et des aéroports, SITA n’a pas été épargnée par la crise sanitaire. Elle a vu ses revenus fléchir de 30 % au plus fort de la pandémie. Même si l’entreprise n’a pas été en mesure de retenir tous ses employés, elle a néanmoins pu continuer à développer de nouvelles solutions, s’est réjoui M. Fabre.

Fondée en 1949 par des compagnies aériennes, SITA compte quelque 400 membres.

2500

Nombre de clients (transporteurs et aéroports) que compte SITA dans plus de 200 pays et territoires