La direction de Cominar continue d’essuyer des critiques alors qu’une offre concurrente pour le rachat du fonds de placement immobilier de Québec est en préparation.

« On est prêts à faire une offre », confirme au téléphone une personne faisant partie d’un groupe d’investisseurs intéressés à Cominar qui demande à ne pas être identifiée parce que le dossier est confidentiel.

« On va attendre le plus tard possible. Il y a une assemblée extraordinaire des porteurs de parts prévue le 21 décembre. On verra en temps et lieu », ajoute cette personne associée à une société immobilière montréalaise qui travaille notamment avec des partenaires américains dans le dossier de Cominar.

La direction de Cominar a révélé la semaine dernière s’être entendue avec un consortium mené par Canderel entourant son acquisition au prix unitaire de 11,75 $ la part, une transaction d’une valeur de 5,7 milliards en incluant la dette.

Des investisseurs institutionnels et détenteurs de parts de Cominar, à Montréal et à Toronto, ont indiqué à La Presse lundi qu’ils attendent le dépôt de la circulaire de Cominar – possiblement cette semaine – pour se faire une meilleure idée de la transaction dévoilée la semaine dernière. Certains investisseurs institutionnels déçus disent aussi attendre l’avis de l’agence de conseil aux actionnaire Glass Lewis pour les aider à prendre position sur l’offre de rachat.

Au cours du week-end, Bill Tresham, président d’Ivanhoé Cambridge de 2014 à 2017 et aujourd’hui à la tête de la firme montréalaise d’investissement RittenVest, s’est montré particulièrement cinglant à l’endroit des dirigeants de Cominar, dans une série de messages publiés sur le réseau LinkedIn.

Ce détenteur de parts de Cominar utilise les mots « honteux » et « incompétent » et parle de manque de courage en donnant son avis sur l’offre d’achat acceptée par Cominar.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Bill Tresham, photographié en 2011

Bill Tresham critique notamment le PDG Sylvain Cossette pour son manque de leadership, qualifie le conseil des fiduciaires de « pathétique » et souligne que Cominar est « une blague depuis plusieurs années ».

« Honte au conseil d’administration et au PDG de Cominar », lance Bill Tresham sur LinkedIn.

« Si, à un moment donné, le conseil d’administration avait eu le courage d’installer un chef de la direction expérimenté, nous aurions toujours une puissante société publique québécoise détenue par des actionnaires qui méritent un meilleur résultat », poursuit ce vétéran du secteur immobilier.

Bill Tresham n’est pas tendre envers Sylvain Cossette qui dirige Cominar depuis presque quatre ans. Sylvain Cossette travaille chez Cominar depuis 2012, où il a commencé en tant que chef de l’exploitation avant de prendre les guides de l’entreprise en 2018.

« Ce PDG [Sylvain Cossette] a présidé une entreprise qui est passée de 22 $ par part à 11,75 $ par part sous sa direction alors que 99,9 % des actions des sociétés nord-américaines du même secteur ont augmenté. Il a ignoré les vraies affaires de l’entreprise, de ses employés et de ses actionnaires tandis que ses banquiers l’ont pris pour 30 millions de dollars et l’ont assuré de son indemnité de départ. C’est l’un des grands échecs de gouvernance d’entreprise dans l’histoire du Canada », soutient Bill Tresham.

En réalité, le titre de Cominar valait plus d’une vingtaine de dollars l’année où Sylvain Cossette est arrivé chez Cominar dans le poste de chef de l’exploitation, en 2012, mais il n’était pas encore président de l’entreprise.

« Ça pue »

« Encouragée par des banquiers profiteurs, l’entreprise est allée beaucoup trop loin pour se développer. Mais de telles erreurs sont corrigées par des PDG et des conseils d’administration expérimentés et compétents. Ce qui vient de se passer est honteux. Les grands font preuve de courage quand les choses se corsent. Les autres se cachent dans le sous-sol comme l’ont fait le PDG et le conseil des fiduciaires », ajoute Bill Tresham dans un de ses messages LinkedIn.

« Ça pue », lance-t-il en entrevue téléphonique lundi. « Ce qui est absurde, c’est l’absence de gouvernance dans ce dossier depuis le tout début. Le PDG a décidé de vendre cette compagnie peu importe ce qu’on en dit au terme d’un processus qui a duré plus d’un an sans jamais communiquer avec les actionnaires », précise-t-il.

« Je félicite les acheteurs parce qu’ils ne payent pas le plein prix. »

Il n’a pas été possible de parler à la direction de Cominar lundi. Notre demande est demeurée sans réponse.