Le prix des actions des brasseurs a écopé dans les semaines précédant les résultats trimestriels, faisant craindre le pire. Molson Coors n’y a pas échappé. Le marché a poussé un soupir de soulagement, jeudi, au dévoilement des résultats du troisième trimestre du brasseur de la Canadian.

L’action (TAP, à New York) a gagné 0,24 $ US jeudi, ou 0,55 %. La société Molson Coors est interlistée à New York et à Toronto, mais l’essentiel du volume se brasse à New York. L’action TPX.B à Toronto a fini également en territoire positif, finissant la séance à 53,90 $, en hausse de 0,15 $.

L’inflation dans le coût des intrants, les céréales notamment, et l’effet du variant Delta sur la consommation des noctambules a pesé sur le titre de Molson Coors depuis l’été. Son prix est passé de 60 $ US, début juin, à un peu moins de 44 $ US cette semaine, une glissade de 27 %.

Les investisseurs appréhendaient également que la vénérable brasserie, qui négocie un virage stratégique dans les boissons hors bières, ne subisse les mêmes mésaventures que son concurrent Boston Beer Company (SAM, à New York), brasseur de la Samuel Adams.

Celui-ci, qui produit Truly, au deuxième rang des ventes parmi les eaux pétillantes alcoolisées (hard seltzers) aux États-Unis, derrière White Claw, a émis des avertissements à répétition depuis le printemps dernier concernant le ralentissement inattendu de la croissance des ventes de son produit vedette.

Lisez l’article « Le nouveau visage de Molson Coors »

Résultat : Boston Beer, qui était l’enfant chéri des investisseurs au début de 2021, a perdu 60 % de sa valeur ; de 1295 $ US, en avril, le prix de l’action est tombé sous les 500 $ US cette semaine. Et les dossiers d’actions collectives se multiplient au sud de la frontière.

Rien d’aussi dramatique pour Molson Coors.

« Les eaux pétillantes alcoolisées sont là pour de bon »

« Ces derniers mois, les eaux pétillantes alcoolisées ont fait beaucoup de bruit aux États-Unis », a tenu à rappeler Gavin Hattersley, PDG de Molson Coors, dans un appel avec les analystes. « Mais entre les prévisions optimistes d’il y a un an et les prévisions sombres d’aujourd’hui, il y a la vérité. Les eaux pétillantes alcoolisées sont là pour de bon. Elles représentent plus de 10 % des ventes de la catégorie des bières et sont en pleine croissance. Mais le segment a mûri, et la croissance facile est terminée.

« Molson Coors possède le portefeuille de sodas alcoolisés [hard sodas] qui connaît la croissance la plus rapide aux États-Unis. Les volumes de la marque Vizzy ont augmenté de 50 % au troisième trimestre par rapport à l’année précédente et ont dépassé un autre concurrent, pour devenir le quatrième soda alcoolisé aux États-Unis.

« Les premiers résultats de notre portefeuille d’eaux alcoolisées au Canada ont dépassé les attentes, les ventes de Vizzy et de Coors générant de fortes parts de marché. Nous prolongerons cette tendance lorsque nous introduirons la marque Topo Chico au Canada en 2022. »

Analystes rassurés

Les analystes Kevin Grundy et Greg Porter, de Jefferies, l’une des firmes les plus enthousiastes à l’égard du brasseur canado-américain avec une recommandation d’achat sur le titre (la plupart des analystes suggèrent plutôt de le conserver) et un prix cible de 68 $ US, sont rassurés.

« Le sentiment négatif qui pèse sur les noms de bière depuis l’été (inquiétudes concernant la chaîne d’approvisionnement, impact du variant Delta sur la demande), associé aux résultats positifs d’Anheuser-Busch InBev [l’action a gagné 10 % jeudi, à 54,46 $ US] aujourd’hui, fait en sorte que nous nous attendons à ce que les actions de Molson Coors se négocient à la hausse grâce à ses prévisions réitérées pour l’exercice 2021.

« Nous continuons à voir un scénario risque-rendement favorable lequel se fonde sur : a) des signes tangibles d’amélioration grâce au virage stratégique ; b) les prévisions de bénéfices par action espérés par le marché très basses ; c) le retour du capital vers les actionnaires est sous-estimé (le rétablissement du dividende ramène les investisseurs vers les actions, des rachats d’actions sont plausibles pour l’exercice 2022) ; et d) la valorisation des actions à 7,5 fois les bénéfices avant intérêt, impôt et amortissement (BAIIA) est attrayante », écrivent MM. Grundy et Porter dans une note envoyée à leurs clients.

Profit en hausse

Le brasseur Molson Coors a affiché jeudi un bénéfice et des revenus en hausse pour son troisième trimestre, grâce à une augmentation des prix de ses produits, à l’équilibre favorable de sa gamme de produits et à la réouverture des bars et des salles de spectacle où sont vendues ses boissons.

Il a aussi réitéré ses prévisions de croissance de 5 % pour le niveau de ventes pour l’ensemble de l’exercice 2021. Il a remboursé 1 milliard US de dette. Il prévoit un ratio d’endettement équivalent à trois fois les BAIIA d’ici la fin de 2022, un niveau plus raisonnable que celui des années précédentes.

La société établie au Colorado et à Montréal a réalisé un bénéfice net de 453 millions US, ou 2,08 $ US par action, pour son trimestre clos le 30 septembre, en hausse de 32,1 % par rapport à celui de 342,8 millions US, ou 1,58 $ US par action, de la même période l’an dernier.

Les ventes trimestrielles de Molson Coors ont progressé de 2,5 %, à 2,82 milliards US, alors qu’elles avaient été de 2,75 milliards US un an plus tôt.

Avec La Presse Canadienne