L’auditeur du producteur de cannabis Hexo a exprimé de sérieuses inquiétudes quant à l’avenir de l’entreprise, qui a affiché vendredi une perte nette de 67,9 millions de dollars pour son plus récent trimestre.

PricewaterhouseCoopers a affirmé que son récent examen d’Hexo montrait que l’entreprise établie à Ottawa « n’a pas maintenu, à tous égards importants, un contrôle interne efficace sur ses divulgations financières » et que plusieurs facteurs « soulèvent un doute substantiel sur sa capacité à poursuivre son exploitation ».

« La société a subi des pertes d’exploitation récurrentes, a eu des sorties de trésorerie liées à ses activités d’exploitation et a des passifs financiers qui pourraient nécessiter des sorties de trésorerie importantes au cours des 12 prochains mois », a écrit l’auditeur dans un rapport de six pages déposé avec le rapport financier du quatrième trimestre d’Hexo.

PricewaterhouseCoopers a également noté que les fonds existants et les flux de trésorerie opérationnels d’Hexo n’étaient « pas suffisants » pour financer les remboursements de la dette, les budgets d’investissement et les besoins de trésorerie potentiels liés à un billet convertible de premier rang.

Le rapport de l’auditeur est publié alors qu’Hexo tente d’apaiser le bouleversement résultant d’une récente réorganisation stratégique qui a entraîné le départ du cofondateur et chef de la direction, Sébastien St-Louis, et du chef de l’exploitation, Donald Courtney, la semaine dernière.

M. St-Louis a été remplacé par Scott Cooper, qui dirigeait Truss Beverages, coentreprise entre Molson-Coors Canada et Hexo qui produit les boissons Little Victory, Mollo et Veryvell.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Usine de l’entreprise Hexo dans le secteur de Masson-Angers, à Gatineau

Évaluation des forces et des faiblesses

M. Cooper a indiqué aux analystes vendredi que, même s’il n’était en poste que depuis neuf jours, il avait « rapidement mis la main à la pâte au sein de l’entreprise » en participant à des réunions avec des employés, des investisseurs, des membres du conseil d’administration, des analystes et des clients.

Ceux-ci m’aideront également à comprendre sur quel plan Hexo pourrait miser sur ses forces et dans quels secteurs nous pourrions avoir besoin d’augmenter nos capacités pour rivaliser et convaincre les clients de faire affaire avec nous.

Scott Cooper, chef de la direction

M. Cooper sera également attentif aux obstacles à éliminer pour aider l’entreprise à atteindre ses objectifs, à gérer le risque présenté par la structure de la dette de l’entreprise et à travailler pour aider à intégrer ses récentes acquisitions de Zenabis Global, Redecan et 48North.

La situation financière de la société et la question de son billet convertible seront également prises en compte dans ses priorités et celles d’Hexo.

« Nous maintenons cette relation positive avec le détenteur du billet », a expliqué le directeur financier, Trent MacDonald, lors de la même conférence téléphonique.

« Nous comprenons le risque que représente cette note et nous le prenons très au sérieux. »

Les analystes surveillent également de près le cours de l’action de la société.

L’analyste Douglas Miehm, de RBC Marchés des capitaux, ainsi que l’analyste Sahil Dhingra ont souligné que l’action de la société avait reculé d’environ 70 % depuis que ses résultats du troisième trimestre « se sont révélés plus faibles que prévu en raison de ce qui devait être une difficulté temporaire ».

L’action d’Hexo a plongé vendredi de 24 cents, soit 11,8 %, pour clôturer à 1,80 $ à la Bourse de Toronto.

Perte réduite au plus récent trimestre

Hexo a affiché vendredi une perte nette de 67,9 millions de dollars pour son quatrième trimestre, ce qui se comparait à une perte de 169,5 millions pour la même période l’an dernier.

Sa perte par action s’est chiffrée à 48 cents pour le trimestre clos le 31 juillet, une amélioration par rapport à celle de 1,60 $ du quatrième trimestre de 2020.

Hexo affirme que sa perte nette pour l’ensemble de l’année s’est élevée à 89 cents par action, en baisse par rapport à une perte de 7,08 $ par action l’année dernière.

Les revenus nets de l’entreprise liés à la vente de biens ont totalisé 38,6 millions, chiffre en hausse par rapport à celui de 27 millions de la même période l’an dernier.

Hexo a précisé que sa récente acquisition de Zenabis, réalisée au coût de 235 millions, avait contribué aux revenus nets à hauteur de 6,8 millions au cours du trimestre.

Mais MM. Miehm et Dhingra affirment que les données qu’ils ont analysées montrent que la part de marché du regroupement d’Hexo-Zenabis-Redecan-48North est passée d’environ 16 % en mars à 13 % en août dans les provinces de l’Alberta, de la Colombie-Britannique et de l’Ontario.