Hydro-Québec et la communauté atikamekw de Wemotaci se sont entendues pour travailler sur des projets communs, un accord qui prévoit le retrait de l’opposition de la communauté autochtone au projet d’exportation d’électricité vers le Massachusetts.

Le Conseil des Atikamekw de Wemotaci était membre d’une coalition de cinq communautés autochtones opposées au projet de ligne de transport connu sous le nom de New England Clean Energy Connect (NECEC) pour acheminer l’électricité du Québec au Massachusetts en passant par le Maine.

Hydro-Québec avait été mise en demeure de renoncer à son projet sous peine de poursuites et la coalition avait demandé au ministère de l’Énergie des États-Unis de refuser le permis requis par le projet.

« Ça devient caduc », a fait savoir Adam Jourdain, directeur général du Conseil des Atikamekw de Wemotaci, au sujet de l’opposition de sa communauté.

Selon lui, depuis l’arrivée de Sophie Brochu à la tête de la société d’État, les relations sont devenues possibles. « Le discours a changé, c’est quasiment surprenant », dit Adam Jourdain lors d’un entretien avec La Presse.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Sophie Brochu, PDG d'Hydro-Québec

L’accord signé jeudi à Wemotaci, en Mauricie, prévoit des discussions entre les deux parties sur l’attribution de contrats pour la construction ou la réfection d’installations d’Hydro-Québec et pour la formation des travailleurs requis pour ces travaux.

Jusqu’à maintenant, la communauté devait se contenter de contrats d’entretien ménager ou d’entretien de chemins, a indiqué son porte-parole.

Différentes communautés

L’entente concerne uniquement la communauté de Wemotaci. Des discussions sont en cours avec d’autres communautés autochtones, membres de la coalition et autres, selon Hydro-Québec.

Outre la communauté de Wemotaci, celles de Pessamit, de Pikogan, de Lac Simon et de Kitcisakik avaient eu des mots très durs envers Hydro-Québec, qu’elles accusaient de vol.

« Nous refusons de continuer à nous faire voler, avaient-elles affirmé dans un mémoire soumis à l’administration américaine. Notre démarche consiste donc à nous opposer à ce que l’on vende ce qui nous appartient aux États-Unis, sans que nous ayons notre mot à dire. »

L’opposition des autochtones avait eu beaucoup d’échos au sud de la frontière, surtout dans l’État du Maine, où le projet d’interconnexion est combattu farouchement. Même s’il a obtenu toutes les autorisations requises, le projet est toujours empêtré dans des contestations judiciaires et un référendum prévu au début du mois prochain pourrait le faire dérailler. Des milliards de revenus sont en jeu pour Hydro-Québec.

Plus récemment, la société d’État a aussi remporté un contrat encore plus important pour l’approvisionnement à long terme de New York. Cette fois, et pour la première fois de son histoire, Hydro-Québec s’est associée avec une communauté autochtone.

Les Mohawks de Kahnawake seront copropriétaires de la portion québécoise (60 kilomètres) de la ligne de transport Champlain Hudson Power Express qui acheminera l’électricité québécoise à New York. Le partenariat conclu entre Hydro-Québec et les Mohawks prévoit des bénéfices pour la communauté pendant 40 ans.

La PDG d’Hydro-Québec et la grande cheffe du Conseil mohawk de Kahnawake participent ensemble à New York, jeudi et vendredi, à des rencontres avec les dirigeants américains du projet Champlain Hudson et des groupes environnementaux. Une rencontre éditoriale avec Bloomberg est aussi au menu.