(New York) Des salariés d’un entrepôt d’Amazon à New York ont entrepris la création d’un syndicat, six mois après l’échec d’une tentative similaire dans l’Alabama, et accusent déjà le géant du commerce en ligne de tout faire pour dissuader leurs collègues.

À ce stade, aux États-Unis, aucun centre de tri et logistique d’Amazon n’a réussi à créer de syndicat.

« Depuis que notre campagne (de collecte de signatures) a commencé, Amazon n’a pas perdu de temps pour mettre en œuvre des tactiques anti-syndicalisation », a indiqué jeudi l’association qui s’est baptisée ALU, pour Amazon Labor Union (« syndicat des travailleurs d’Amazon »).

« Nous avons fait face aux mêmes stratégies employées à Bessemer, en Alabama, comme les affiches dans les toilettes ou les consultants externes, spécialistes de la lutte contre les syndicats, qui viennent sur le lieu de travail et divisent les employés », a précisé l’ALU dans un communiqué.

En avril dernier, au terme de longs mois de campagne sous tension, le non à la syndicalisation l’avait largement emporté dans un entrepôt Amazon de Bessemer. Malgré la mobilisation de militants et de personnalités politiques jusqu’au sommet de l’État, à peine plus de 2500 employés avaient voté, sur les 5900 appelés aux urnes.

En août, une responsable de l’agence américaine responsable du droit du travail (NLRB) « a déterminé qu’Amazon avait enfreint le droit du travail » et recommandé qu’un nouveau vote soit organisé en Alabama, d’après le syndicat RWDSU, qui avait organisé cette tentative.

« Pas la meilleure réponse »

« Nos employés ont le choix de rejoindre un syndicat ou pas », a réagi Kelly Nantel, une porte-parole du groupe contacté par l’AFP. Mais « en tant qu’entreprise, nous ne pensons pas que les syndicats soient la meilleure réponse pour nos employés », a-t-elle ajouté.

« Nous avons fait de grands progrès ces dernières années et derniers mois en termes de salaires et de sécurité. Nous pouvons encore faire mieux, et c’est notre objectif », a-t-elle précisé, assurant que d’améliorer les choses « en continu » était plus difficile avec les syndicats jouant les « intermédiaires ».

En avril, le groupe avait balayé les accusations d’intimidation et assuré que ses employés avaient « entendu beaucoup plus de messages anti-Amazon de la part du syndicat, d’élus et de médias que de nous ».

L’ALU a prévu de déposer son dossier, avec les 2000 signatures favorables récoltées, à la NLRB le 25 octobre. S’il est approuvé, un vote sera organisé pour le site d’Amazon de Staten Island (un quartier de New York).

Le potentiel futur syndicat veut notamment demander des salaires plus élevés, la sécurité de l’emploi, des conditions de travail plus sûres et plus de congés.

Il est notamment piloté par Christian Smalls, un ancien salarié du groupe qui avait été licencié après avoir organisé une manifestation à JFK8, un des entrepôts de Staten Island. Selon Amazon, M. Smalls avait été évincé pour s’être rendu sur place alors qu’il était censé être en quarantaine après avoir été en contact avec un collègue infecté.

Amazon, qui a connu une croissance phénoménale pendant la pandémie et embauché à tour de bras dans le monde entier, emploie quelque 950 000 personnes rien qu’aux États-Unis.