La Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) a répliqué vendredi à un fonds d’investissement britannique qui réclame des changements chez le transporteur ferroviaire, en l’accusant de faire des allégations fausses et trompeuses et d’être en conflit d’intérêts.

« Nous ne céderons pas aux arguments non fondés et de mauvaise foi qui servent les intérêts d’un actionnaire plutôt que d’autres », a affirmé le président et chef de la direction du Canadien National, Jean-Jacques Ruest, dans un communiqué.

Le grand patron du CN fait valoir que son chemin de fer entretient un dialogue ouvert et constructif avec ses actionnaires, notamment lorsque les discussions portent sur de possibles améliorations, mais il prévient qu’il ne servira pas les intérêts d’un de ses concurrents.

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Le chef de la direction du Canadien National, Jean-Jacques Ruest

TCI Fund Management a ouvertement critiqué, plus tôt cette année, la tentative infructueuse du CN pour acquérir le chemin de fer américain Kansas City Southern.

Le fonds d’investissement a en outre réclamé une assemblée spéciale des actionnaires du CN pour procéder à un « rafraîchissement » de son conseil d’administration, en y ajoutant quatre membres qu’il a choisis. TCI a aussi proposé que Jim Vena, un ancien chef d’exploitation du CN, soit nommé pour remplacer M. Ruest à la tête du transporteur.

« Motivations suspectes »

Or, le CN souligne que TCI n’a pas présenté de plan crédible ou différencié et qu’il est en conflit d’intérêts, puisqu’il est le plus grand actionnaire du principal rival du CN, le Chemin de fer Canadien Pacifique (CP).

« Les motivations de TCI sont très suspectes », affirme le CN dans son communiqué. « [Elle] tente d’exercer un contrôle effectif sur le CN sans présenter de plan crédible pour créer une valeur supérieure ou durable. »

Le chemin de fer montréalais a souligné que les affirmations de TCI selon lesquelles il aurait subi des pertes de 2 milliards US du fait de la poursuite du KCS « se sont révélées être manifestement fausses », précisant que le CN avait en fait gagné 700 millions $ US en frais de résiliation.

« Les actionnaires du CN devraient s’interroger sur les motifs qui poussent TCI à soutenir le concurrent le plus proche du CN dans la poursuite de la transaction, tout en ignorant les raisons tout aussi convaincantes de l’intérêt du CN à poursuivre la même transaction », a indiqué le plus grand chemin de fer du Canada.

« Le CN croit que la différence essentielle est que le CP a des possibilités de croissance à long terme limitées sans le KCS, alors que l’avenir du CN en tant qu’entreprise autonome est brillant. »

Le CN s’est aussi dit préoccupé par la façon dont TCI avait mesuré le rendement financier du chemin de fer.

Il a également noté que le président du conseil d’administration du CN, à qui TCI demande de démissionner, avait déjà annoncé son départ en mars parce qu’il atteindrait la limite d’ancienneté en vertu des règles du CN.

L’associé directeur de TCI, Chris Hohn, a affirmé en septembre que le fonds avait lancé la course aux procurations parce que l’offre du CN pour KCS avait montré un « une incompréhension fondamentale de l’industrie ferroviaire ».

La bataille souvent difficile entre les deux plus grands chemins de fer du Canada pour Kansas City Southern a pris naissance dans les coulisses plusieurs mois avant que le CP et le chemin de fer américain n’annoncent une première offre amicale, en mars.

KCS a changé d’alliance un mois plus tard en déclarant que l’offre en espèces et en actions du CN, évaluée à 33,6 milliards US, était supérieure.

Cependant, le chemin de fer américain a renouvelé son soutien au CP et à son offre de 31 milliards US le mois dernier, après que l’organisme de réglementation des transports ferroviaires américain a refusé au CN le droit de recourir à une fiducie de vote pour réaliser l’acquisition de KCS. Le Surface Transportation Board (STB) a estimé que l’opération aurait été mauvaise pour la concurrence de l’industrie.