Les accusations de « fraude envers le gouvernement » déposées jeudi contre la société d’ingénierie SNC-Lavalin en lien avec un contrat pour la réfection du pont Jacques-Cartier réalisée il y a vingt ans devraient se régler rapidement pour l’entreprise, estime une analyse de la Financière Banque Nationale (FBN).

« Parce que l’entreprise a déjà été invitée (par les autorités judiciaires) à négocier un accord de poursuite différée, je pense que ce problème juridique sera relativement simple à résoudre », indique l’analyste Maxim Sytchev dans une note à ses clients-investisseurs, dont La Presse a obtenu copie.

« Je suis certain que SNC-Lavalin envisagera de s’asseoir rapidement avec le gouvernement pour entreprendre ce processus. Aussi, il s’agit de régler un litige en cours depuis de nombreuses années et qui était inclus dans les divulgations dans les rapports annuels de SNC-Lavalin ».

Par ailleurs, l’analyste de la FBN avertit ses clients-investisseurs que « ces nouvelles allégations (contre SNC-Lavalin) sont distinctes des litiges survenus durant les années 2018 et 2019 relativement aux anciennes opérations en Libye, alors que le gouvernement n’avait pas invité SNC-Lavalin à négocier un accord de poursuite différée.

« Cette fois-ci, souligne M. Sytchev, SNC-Lavalin a été invitée dès le dépôt des accusations par le gouvernement à régler cette affaire avec un accord de poursuite différée. »

Quant à l’amende qui pourrait être imposée à SNC-Lavalin, l’analyste de la FBN estime qu’un montant « aux environs de 15 millions de dollars est probablement raisonnable ».

D’où provient cette estimation ? « J’extrapole à partir de l’affaire judiciaire en Libye que SNC-Lavalin a réglée en 2019. Selon les informations divulguées, 48 millions ont été payés à titre de “paiements abusifs” tandis que SNC a été condamné à une amende de 280 millions », explique l’analyste.

« En appliquant le même barème sur l’accusation de corruption pour un montant de 2,3 millions (en pot-de-vin) liée au contrat du pont Jacques-Cartier, je m’attends à une amende de l’ordre de 13 millions à 15 millions de dollars. »

Dans un communiqué émis en fin de journée, jeudi, la direction de SNC-Lavalin indique qu’elle « considère bienvenue l’invitation du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) à négocier un accord de réparation », soulignant aussi que « c’est la première fois qu’une entreprise canadienne est invitée à négocier un tel accord. »

N’empêche, en Bourse, les investisseurs en actions de SNC-Lavalin ont manifesté leur préoccupation envers la portée de ces accusations de fraude en laissant choir la valeur de ses actions par un peu plus de 2 % à 36,10 $ en fin de séance.

Aussi, ces investisseurs attendront plus d’explications de la part de la haute direction de SNC-Lavalin lors de leur prochain rendez-vous du mardi 28 septembre, avec une journée de présentations détaillées aux investisseurs et aux analystes.