Le « peaufinage » des activités chez Cascades ne doit pas s’arrêter avec la vente de sa participation dans Reno De Medici, selon la BMO. L’entreprise de Kingsey Falls doit envisager de vendre d’autres actifs – la division des papiers tissu, par exemple – et diversifier son conseil d’administration, exclusivement composé de Québécois.

L’analyste Mark Wilde explique ces suggestions, et d’autres, dans un rapport envoyé jeudi à ses clients où il laisse entendre que l’action de Cascades est nettement sous-évaluée.

Il va jusqu’à dire que Cascades est le Rodney Dangerfield de son industrie. « Cascades n’obtient aucun respect », affirme Mark Wilde.

« Même après 10 ans de travail visant à améliorer le profil de l’entreprise, renforcer le bilan et bonifier le dividende. »

Le problème, croit-il, est lié aux différentes activités de l’entreprise et aux faibles rendements persistants du secteur des papiers tissu.

Bien qu’il se dise satisfait du travail du PDG Mario Plourde et de son équipe, Mark Wilde ne croit pas que, sous sa forme actuelle, l’entreprise soit positionnée pour maximiser sa valeur pour les actionnaires.

Pour la plus grande partie de ma carrière, le secteur du papier hygiénique s’est avéré une oasis de stabilité et de rendements raisonnables.

Mark Wilde, analyste chez BMO

Ce n’est plus le cas aujourd’hui, en raison notamment de l’intensification de la concurrence après l’arrivée de nouveaux concurrents, explique cet expert.

La question qui se pose, dit-il, est de savoir si on poursuit la stratégie ou si on procède à une transaction de plus grande envergure qui mènerait à un essaimage du groupe tissu dans une structure autonome séparée ou à sa vente pure et simple afin de concentrer les efforts dans le secteur de l’emballage, où les marges sont plus intéressantes.

Il souligne que la plupart des grandes entreprises sont arrivées à la conclusion que l’emballage et le papier tissu ne font pas bon ménage. Il cite notamment les exemples du géant suédois SCA, de Procter & Gamble, de Kimberly Clark et de Scott Paper.

Des coûts à réduire

L’analyste estime par ailleurs que Cascades peut en faire plus pour réduire ses coûts. La propriété apparente de trois avions et d’un hélicoptère lui semble « généreuse » pour une entreprise ayant une capitalisation boursière de 1,6 milliard.

Il croit aussi que l’entreprise pourrait dégager de la valeur en examinant son parc immobilier. La vente d’un bâtiment et d’un terrain dans l’État de New York il y a trois ans a rapporté 72 millions US à Cascades. Cette somme équivaut à 6 % de la capitalisation boursière actuelle.

La vente des activités de produits spécialisés – un segment qui demeure relativement modeste chez Cascades et qui est inclus dans les produits d’emballage – est une autre possibilité à envisager, selon lui. Une telle transaction pourrait, à son avis, rapporter au moins un demi-milliard.

Compte tenu de l’importance des actifs détenus par Cascades aux États-Unis, Mark Wilde estime « déroutant » le fait que les 12 membres du conseil d’administration soient tous québécois. Avoir au moins un administrateur américain apporterait une perspective extérieure et de potentiels contacts politiques, dit-il.

Il est déjà plus difficile pour un titre de petite capitalisation d’obtenir du respect, dit-il. Cela devient encore plus complexe si vous avez la structure d’un conglomérat et des actifs qui sous-performent.

À ses yeux, l’évaluation boursière actuelle ne reflète pas la valeur réelle de l’entreprise. Il estime que la somme de toutes les composantes devrait donner une valeur se situant entre 30 et 34 $ par action à Cascades et que le potentiel serait encore plus grand après une restructuration du secteur des papiers tissu.

L’action de Cascades a gagné 3,5 % jeudi pour clôturer à 15,95 $ à Toronto.

Une analyse reçue, mais non partagée

La direction de Cascades n’a pas souhaité commenter directement les propos de l’analyste. « On ne le fait jamais », a dit le porte-parole, Hugo D’Amours. Ce dernier a néanmoins rappelé qu’un important recentrage avait été effectué dans les dernières années. « Cascades a choisi de sortir d’un certain nombre de secteurs pour se concentrer sur des marchés plus prometteurs : ceux de l’emballage et de l’hygiène. »

En ce qui concerne les administrateurs, Hugo D’Amours croit que Cascades a réussi à assembler « toute une panoplie d’expertises qui peut nous aider et nous amener ailleurs ». « On est satisfaits de la composition de notre conseil d’administration, et en particulier d’avoir pu assembler cette expertise en ayant une représentation de 50 % de femmes autour de la table », dit-il.

Pour le gestionnaire de portefeuille Philippe Hynes, de Tonus Capital, la proposition d’essaimer le groupe tissu n’est pas la bonne. « Le marché ne va pas donner une grosse évaluation à une business historiquement plus cyclique et où Cascades ne détient pas une marque de commerce forte. »

Une vente pourrait aider, mais seulement si le prix est très attrayant, dit-il en précisant cependant que ne conserver que la division des produits d’emballage augmenterait la volatilité des résultats.