Huit entreprises québécoises participent à la 32e édition du Fleet Show, afin de faire la promotion de leurs solutions pour la transition énergétique

(New York) Qui donc oserait prétendre qu’il est « moins compliqué » de boucler une affaire à New York qu’à Montréal pour une entreprise québécoise ?

Simon Poulin, directeur de marchés chez Effenco, a osé, en expliquant comment la société montréalaise avait réussi à convaincre la mégapole américaine d’adopter ses solutions hybrides électriques et 100 % électriques pour les véhicules lourds de son service de collecte des ordures ménagères.

« À Montréal, on n’a pas une vision de qui est le boss », a-t-il déclaré en marge d’une exposition tenue dans un grand parc de l’arrondissement de Queens, à New York. « Ici, on sait qu’il y a trois ou quatre acteurs importants. Il n’y a pas quelqu’un de caché derrière. Il y a une vision claire. C’est plus simple à naviguer. C’est long, mais c’est plus simple. »

Effenco figure parmi les entreprises québécoises qui, dans le sillage d’Hydro-Québec, jouent un rôle important dans le virage vert de la Ville de New York. Huit d’entre elles étaient représentées mercredi autour de l’Unisphere – vestige de la Foire internationale de New York de 1964-1965 – où se tenait la 32e édition du Fleet Show.

Il y a sept ans, Effenco participait pour la première fois à cette exposition réunissant des fournisseurs de véhicules et d’équipements routiers. Aujourd’hui, elle est prête à « électrifier » 1100 camions de collecte de déchets à New York, total qui s’ajoutera aux 28 déjà finalisés.

Et ce pourrait n’être qu’un début dans une ville qui compte un parc de 30 000 véhicules.

« On est la seule technologie électrique approuvée par la Ville », a noté Simon Poulin.

PHOTO FOURNIE PAR EFFENCO

Camion de collecte de déchets électrique Effenco

Des succès avérés et espérés

D’autres entreprises québécoises sur place pouvaient également revendiquer des succès new-yorkais. C’était le cas de Lion Électrique, manufacturier de véhicules moyens et lourds zéro émission, qui a notamment déployé un réseau d’autobus scolaires électriques avec Con Edison à White Plains, en banlieue de New York.

FLO, réseau de recharge pour véhicules électriques, tombait dans la même catégorie. La société a déjà installé une trentaine des 120 bornes qu’elle doit fournir à la Ville de New York. Et elle espère bien être dans le coup pour le reste.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Bornes de recharge pour véhicules électriques fabriquées par FLO

New York s’est donné récemment comme objectif d’avoir 10 000 bornes de recharge sur les trottoirs d’ici 2030. Nous espérons en installer le plus grand nombre possible.

Rose Lenoff, responsable du développement commercial chez FLO

Le succès de l’entreprise montréalo-américaine iSun est plus récent. Celle-ci a décroché en mai dernier un contrat pour l’installation d’un abri d’autos recouvert d’une quarantaine de panneaux solaires pour alimenter le parc de véhicules électriques de la prison de Rikers Island ou l’édifice lui-même.

« Ce n’est que notre première installation à New York », a déclaré Sass Peress, chef de l’innovation et du développement des marchés chez iSun, en évoquant les nombreux services municipaux qui pourraient utiliser le concept vert de l’entreprise. « J’ai des rendez-vous jeudi et vendredi avec les gens du service des parcs, parce qu’ils voient ce qui s’en vient. »

Également présente à New York, Sabine Le Névannau, présidente de l’entreprise sherbrookoise GeeBee, est aussi en négociation avec le service des loisirs et des parcs de New York au sujet de sa trottinette électrique, utilisée par une vingtaine de municipalités au Québec.

« Si ça débouche, ça sera notre plus important contrat aux États-Unis », a-t-elle confié.

Un « rôle pionnier »

Ces succès confirmés ou espérés témoignent d’un « écosystème » qui permet aux entreprises québécoises de jouer « un rôle pionnier en Amérique du Nord », selon Patrick Gervais, vice-président au marketing et aux communications de Lion Électrique.

« Les délégations du Québec nous aident énormément partout aux États-Unis, tant à New York qu’à Chicago ou en Californie. C’est vraiment extraordinaire », a-t-il déclaré.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Autobus scolaires de Lion Électrique

En tant que province, on a aussi une expertise, un écosystème, une chaîne d’approvisionnement qui est bien développée. On a beaucoup de connaissances.

Patrick Gervais, vice-président au marketing et aux communications de Lion Électrique

Cet écosystème s’est peut-être renforcé mercredi. À New York depuis le début de la semaine, qui est également celle de la Climate Week, Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, a annoncé l’adhésion du Québec à une coalition composée de 15 États américains et du district de Columbia, qui a pour objectif d’accélérer l’électrification des véhicules moyens et lourds sur le territoire de ses membres.

« C’est un regroupement qui nous permettra non seulement de partager les meilleures pratiques, mais également de faire valoir le potentiel des entreprises québécoises », a déclaré le ministre à La Presse.

M. Charette a assisté lundi à l’annonce par la gouverneure de l’État de New York, Kathy Hochul, de l’attribution du contrat de 25 ans à Hydro-Québec pour la fourniture d’énergie propre à la Ville de New York. Il a multiplié les rencontres avec les intervenants de l’État et de la Ville sur le virage vert.

« Ce qui est fascinant, à travers ces rencontres, c’est l’admiration qu’ils ont pour le leadership québécois sur ces enjeux-là », a-t-il déclaré. « J’étais à l’autre annonce de la gouverneure [mardi]. Ils ont pour 2030, en matière d’électrification des voitures des particuliers, un objectif qui est inférieur à celui du Québec en nombre absolu. […] On a clairement pris les devants. »