Le consortium SAF+, qui travaille depuis trois ans à mettre au point un carburant vert pour les avions, est maintenant prêt à passer à l’étape de la production commerciale qui nécessitera un investissement de quelque 300 millions.

« C’est un moment charnière dans l’histoire du consortium », a fait savoir mardi son président-directeur général, Jean Paquin, en brandissant une fiole de kérosène synthétique produit dans son usine pilote de Montréal-Est.

Dans le cadre de la Conférence de Montréal, l’entreprise, qui a l’appui de gros canons de l’industrie comme Airbus et Air Transat, a fait savoir qu’elle est maintenant prête à construire ce qui serait la première usine du genre en Amérique du Nord.

Selon Jean Paquin, l’usine d’une capacité de 30 millions de litres pourrait devenir réalité en 2025-2026. Les installations de Parachem à Montréal-Est, qui ont permis à SAF+ de mener à bien son projet pilote, pourraient aussi accueillir la future usine, a précisé le PDG lors d’un entretien avec La Presse.

« Ce serait totalement logique de rester là », explique Jean Paquin, précisant que le site est à côté du point d’injection du kérosène qui approvisionne l’aéroport de Montréal. La future usine trouverait aussi sur place le CO2 qui sert de base à sa production de carburant durable.

Semblable au kérosène

En mélangeant du CO2 émis par les usines et en le synthétisant avec de l’hydrogène, SAF+ produit un carburant synthétique en tout point semblable au kérosène conventionnel, mais avec une empreinte carbone inférieure. Ce carburant peut être mélangé au kérosène conventionnel pour contribuer à réduire les émissions de GES du secteur aérien. Il s’agit d’un carburant synthétique et non d’un biocarburant produit avec des céréales, souligne Jean Paquin.

La demande pour les carburants moins polluants dans le secteur aérien est telle que SAF+ a décidé d’accélérer sa marche vers la production commerciale. Air Transat a déjà fait savoir son intérêt pour faire partie des premiers clients de l’entreprise.

Le consortium, qui appartient à des investisseurs privés et qui compte actuellement une quinzaine de travailleurs, s’emploiera au cours des prochains mois à expliquer son plan aux investisseurs potentiels, a fait savoir Jean Paquin.

Le carburant synthétique comme celui que veut produire SAF+ coûte beaucoup plus cher que le kérosène conventionnel. Comme il constituera seulement une partie du carburant utilisé par les transporteurs aériens, il n’augmentera pas significativement leurs coûts d’exploitation, estime Jean Paquin.

Le consortium espère aussi pouvoir réduire ses coûts de production, notamment en s’approvisionnant localement en hydrogène vert.