Couche-Tard est assurément un acquéreur potentiel d’EG Group si le propriétaire de cet exploitant britannique de dépanneurs songe à s’en départir, comme la presse financière internationale le rapporte.

Contrôlé par TDR Capital et les frères Zuber et Moshin Issa, EG Group exploite un réseau de près de 6000 établissements situés dans une dizaine de pays, notamment aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Italie, en Australie et en France. La valeur d’EG Group est estimée à 15 milliards US.

À ce prix, la transaction équivaut à payer environ 10 fois le bénéfice avant impôts, intérêts et amortissements, calcule Michael Van Aelst, de la TD.

Couche-Tard pourrait se permettre de réaliser une transaction de cette envergure sans devoir émettre d’actions, ajoute cet analyste dans une note publiée vendredi.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Couche-Tard est du nombre des acquéreurs potentiels d’EG Group.

Couche-Tard devrait cependant fort probablement mettre en veilleuse son programme de rachat d’actions pour plusieurs années.

À 15 milliards US, il s’agirait de loin de la plus importante acquisition encore jamais conclue par Couche-Tard.

Outre Couche-Tard, le nom de Seven & i Holdings, exploitant des magasins 7-Eleven, circule également comme acquéreur potentiel d’EG Group. Un examen de différentes options stratégiques pourrait par ailleurs amener les propriétaires d’EG Group à opter pour un premier appel public à l’épargne, selon l’agence Bloomberg.

Ayant procédé au fil des années à de nombreuses acquisitions – à des multiples d’évaluation élevés – qui ont été financées par endettement, EG Group est qualifié de « consolidateur très agressif » par Michael Van Aelst.

Ça fait un moment déjà qu’on entend dire qu’EG Group songe à un premier appel public à l’épargne pour aider à réduire le niveau d’endettement, bien que ce soit la première fois que j’entends parler d’une vente potentielle de l’entreprise.

Michael Van Aelst, analyste de la TD

Une porte d’entrée vers de nouveaux marchés

Ça tombe sous le sens que Couche-Tard et 7-Eleven soient des acquéreurs potentiels, étant donné leurs tailles respectives, dit-il. « Il n’est pas déraisonnable de croire que Couche-Tard peut avoir un intérêt, considérant que ça augmenterait de près de 50 % le nombre total de magasins de l’entreprise de Laval en plus de lui permettre de pénétrer de nouveaux marchés comme l’Australie, par exemple, tout en dégageant des synergies significatives », précise l’analyste de la TD.

Cela dit, il y a une partie du réseau d’EG Group pour lequel Michael Van Aelst croit comprendre que Couche-Tard a peu d’intérêt, notamment les magasins en Italie – un marché sursaturé –, selon cet expert, et ceux en France (en raison entre autres des restrictions imposées sur la vente de cigarettes et de bière) et en Allemagne (environnement concurrentiel intense).

Le réseau de magasins d’EG Group aux États-Unis est plus intéressant, estime-t-il, rappelant qu’EG Group avait remporté la surenchère devant Couche-Tard pour les sites de Kroger et Cumberland Farms il y a quelques années.

Couche-Tard s’est souvent frotté à EG Group dans le passé. En février l’année dernière, EG Group s’était présenté en rival en déposant une offre concurrente à celle de Couche-Tard pour l’australienne Caltex (récemment rebaptisée Ampol). Le projet d’acquisition de Caltex avait finalement été mis sur la glace en raison de la crise sanitaire qui prenait de l’ampleur.

Couche-Tard compte aujourd’hui environ 14 200 établissements dans le monde.

La plus importante prise de contrôle de l’histoire de Couche-Tard a été réalisée en 2016 avec l’achat de la chaîne nord-américaine CST Brands (plus de 2000 dépanneurs) au coût de 4,4 milliards US.

Il n’a pas été possible d’obtenir une réaction auprès de la direction de Couche-Tard.

L’action de Couche-Tard a reculé de 1 % vendredi pour terminer la semaine à 49,85 $ à la Bourse de Toronto.

En début d’année, Couche-Tard avait tenté d’acheter le géant français de l’alimentation Carrefour et ses 12 500 magasins – dont 7700 dépanneurs – avec une proposition d’une valeur de 25,5 milliards et était disposé à payer en grande majorité en argent.