BRP s’attend à voir la pénurie de semi-conducteurs avoir des effets sur sa cadence de production jusqu’à la fin de 2022. Pour l’instant, cette situation ne tempère pas l’enthousiasme du constructeur de véhicules récréatifs, qui a relevé ses prévisions pour l’exercice en cours en plus de se montrer optimiste pour l’année financière suivante.

Les perturbations dans les usines de nombreux fournisseurs en Asie en raison d’une remontée des cas de COVID-19 ainsi que la pénurie de main-d’œuvre dans le marché nord-américain causent des problèmes au chapitre de l’approvisionnement de certains matériaux à presque toutes les entreprises.

C’est toutefois la difficulté à obtenir les semi-conducteurs – composants que l’on retrouve dans des puces électroniques essentielles au fonctionnement de certains modules – qui constitue le principal obstacle à la croissance, a expliqué jeudi la haute direction de la société à Valcourt.

« Les choses devraient s’améliorer avec des hauts et des bas, a souligné le président et chef de la direction de BRP, José Boisjoli, au cours d’une conférence téléphonique avec les analystes financiers. Mais avec ce que nous savons, nous pensons que cela durera probablement jusqu’à la fin de 2022. »

M. Boisjoli discutait des résultats du deuxième trimestre terminé le 31 juillet, au cours duquel le constructeur des Ski-Doo, Sea-Doo et Can-Am a dépassé les attentes des analystes. Le ton de l’entreprise à l’endroit de ses perspectives a encouragé les investisseurs. À la Bourse de Toronto, jeudi, l’action de BRP a terminé en hausse de 11,1 %, ou 11,84 $, pour se négocier à 118,17 $.

La pénurie de semi-conducteurs a perturbé les activités de bon nombre de secteurs depuis le début de la crise sanitaire. Cette situation a notamment contraint de grands constructeurs automobiles à ajuster leur production. Un exemple : jeudi, General Motors a annoncé un congé forcé de deux semaines dans six de ses usines nord-américaines et une pause d’une semaine dans deux autres sites.

Interrogé par les analystes, M. Boisjoli a donné un exemple des moyens employés par BRP pour s’adapter à la rareté des semi-conducteurs.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

José Boisjoli, président et chef de la direction de BRP

Nous tentons de prioriser en fonction de la saison. En ce moment, si nous avons [un module], nous l’installons sur une motoneige plutôt qu’une motomarine.

José Boisjoli, président et chef de la direction de BRP

Si le troisième trimestre risque d’être plus mouvementé, la situation devrait commencer à rentrer dans l’ordre progressivement pendant les trois derniers mois de l’année, selon BRP, qui a vu l’intérêt pour ses produits exploser depuis le début de la pandémie.

Pendant que la demande continue d’être au rendez-vous, les stocks se trouvent à des creux historiques chez les détaillants. BRP mise entre autres sur l’augmentation de la capacité de production de véhicules côte à côte à Juárez et de motomarines à Querétaro, au Mexique, pour l’aider à répondre à la demande.

Encore mieux

Ainsi, pour l’exercice en cours, BRP table sur un bénéfice normalisé par action oscillant entre 8,25 $ et 9,75 $, alors que sa prévision précédente tablait sur une fourchette allant de 7,75 $ à 8,50 $.

« Pour [l’exercice suivant], l’entreprise s’attend à être bien positionnée pour continuer à générer de la croissance, principalement en raison de l’intérêt soutenu des consommateurs, de la capacité de production accrue, du lancement de nouveaux produits et grâce au prochain cycle de réapprovisionnement des stocks », a estimé l’analyste Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins.

La direction de BRP a indiqué aux analystes que la croissance du bénéfice normalisé par action devrait être supérieure à 10 % l’an prochain. Selon M. Poirier, cela devrait contribuer à convaincre les investisseurs que l’exercice en cours ne constitue pas un « sommet » au chapitre des profits.

M. Boisjoli a également souligné que la société comptait offrir davantage de nouveaux produits au cours des trois prochaines années par rapport à ce qui avait été observé pendant les trois dernières années.

Un exemple : le ponton Sea-Doo Switch, sur lequel la société mise beaucoup pour asseoir la croissance de sa division marine, qui a vu le jour en 2018 avec l’acquisition du fabricant de bateaux de pêche en aluminium Alumacraft.

Au fil des ans, nous avons prouvé que nous sommes capables de perturber l’industrie en créant de nouveaux segments. Et maintenant, nous pensons que nous ferons de même dans le créneau des pontons.

José Boisjoli, président et chef de la direction de BRP

Le grand patron de BRP a rappelé que l’introduction de modèles plus abordables comme le Sea-Doo Spark ainsi que le véhicule à trois roues Ryker avait permis de dynamiser les ventes.

Encore en hausse

Au deuxième trimestre, le constructeur de véhicules récréatifs a affiché un bénéfice net de 212,9 millions, ou 2,46 $ par action, par rapport à 126,1 millions, ou 1,43 $ par action, il y a un an, lorsque la pandémie de COVID-19 avait perturbé les activités de production pendant un mois. L’activité promotionnelle a été moins vigoureuse en raison du niveau des stocks, ce qui a eu une incidence positive sur les profits.

De leur côté, les revenus ont bondi de 54 %, à 1,9 milliard. BRP a attribué cette performance à la progression des ventes de produits toutes saisons – véhicules côte à côte et VTT – et de produits saisonniers comme les motoneiges et les motomarines.

Abstraction faite des éléments non récurrents, le bénéfice normalisé s’est établi à 249,5 millions, ou 2,89 $ par action, comparativement à 100,9 millions, ou 1,14 $ par action, au deuxième trimestre l’an dernier.

Les analystes anticipaient des revenus trimestriels de 1,7 milliard ainsi qu’un bénéfice normalisé de 1,39 $ par action, selon la firme Refinitiv.

43 % : Proportion des ventes générées auprès de nouveaux acheteurs chez les concessionnaires de BRP au deuxième trimestre de 2021

20 % : Proportion moyenne des ventes générées historiquement auprès de nouveaux acheteurs chez les concessionnaires de BRP

Source : BRP