(Calgary) La décision d’Air Canada de ne pas proposer de test rapide comme option aux employés qui refusent de se faire vacciner contre la COVID-19 crée un nouveau précédent que d’autres entreprises pourraient imiter, selon les experts.

La plus grande compagnie aérienne au pays dit qu’elle exigera que tous ses employés soient vaccinés d’ici le 30 octobre.

Le vaccin ou la porte

Ceux qui n’ont pas de raison valable de refuser le vaccin pourraient être licenciés.

L’avocate en droit du travail Chantel Goldsmith qualifie la politique d’Air Canada de « révolutionnaire », car il s’agit d’une véritable obligation de se faire vacciner. En comparaison, les entreprises qui offrent à leurs employés non vaccinés de passer des tests de dépistage de la COVID-19 ne font pas de la vaccination une condition d’emploi, précise-t-elle.

L’annonce d’Air Canada, mercredi, est intervenue une semaine après que la plupart des grandes banques canadiennes ont annoncé leurs propres politiques de vaccination. Toutes les industries sous réglementation fédérale du Canada, y compris les compagnies aériennes, doivent élaborer des plans pour faire vacciner leurs travailleurs d’ici la fin octobre.

Cependant, alors que de nombreuses entreprises — y compris la Banque de Montréal (BMO) et la Banque TD — permettront aux travailleurs non vaccinés de rester au travail tant qu’ils se soumettront à un régime régulier de tests de dépistage rapides de la COVID-19, Air Canada ne le fera pas.

Tant que la compagnie aérienne respecte son engagement à accueillir les employés qui, pour des raisons légitimes, ne peuvent pas être vaccinés, la compagnie aérienne est dans ses droits légaux, ajoute l’avocate.

Je pense que c’est la première fois qu’un grand employeur majeur franchit cette étape, mais je prévois que d’autres emboîteront le pas.

L’avocate en droit du travail Chantel Goldsmith

Les entreprises obligeant la vaccination pourraient toutefois être forcées de revoir leur position.

Le syndicat pas d'accord

L’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA), le syndicat qui représente des milliers d’employés d’Air Canada, y compris le personnel au sol, a déclaré jeudi dans un communiqué qu’elle « rejetait catégoriquement » le recours au licenciement et aux sanctions disciplinaire comme moyens d’augmenter les taux de vaccination.

« Il existe d’autres moyens d’encourager la participation à un programme de vaccination, tels que des tests réguliers, l’équipement de protection, le travail à distance et des protocoles de santé et de sécurité éprouvés », a déclaré le syndicat. « La vaccination ne devrait pas être la seule méthode pour freiner la COVID-19. »

Porter Airlines, WestJet Airlines et Transat ont également déclaré qu’elles se conformeraient au mandat du gouvernement fédéral en matière de vaccins pour les employés de l’industrie des transports. Cependant, Porter estime que les employés non vaccinés peuvent toujours travailler à condition qu’ils soient testés 72 heures avant un quart de travail, tandis que WestJet et Transat n’ont pas encore annoncé les détails de leurs politiques de vaccination.

L’Air Line Pilots Association (ALPA), qui représente les pilotes de WestJet et de Transat, a déclaré dans une note interne aux membres, dont La Presse Canadienne a obtenu une copie, qu’elle « rejette les menaces de licenciement si les exigences en matière de vaccins sont mises en œuvre ».

De nombreux travailleurs canadiens qui n’œuvrent pas dans des industries sous réglementation fédérale devront bientôt informer leur employeur de leur statut vaccinal. La ville de Toronto, la Commission de transport de Toronto et plusieurs universités et établissements de santé à travers le Canada ont tous récemment déclaré leur intention d’exiger une preuve de vaccination des employés.

Plus tôt cette semaine, Canadian Natural Resources — l’une des plus grandes entreprises de sables bitumineux du Canada — a déclaré qu’elle demanderait une preuve de vaccination à tous les travailleurs de ses installations Horizon et Albian dans le nord de l’Alberta. L’entreprise proposera un programme de tests rapides pour les employés non vaccinés.

Perry Berkenpas, directeur général du groupe industriel Oil Sands Community Alliance, a déclaré que les taux de vaccination parmi les travailleurs des sables bitumineux atteignaient 75 % à 80 % grâce aux cliniques de vaccination de masse organisées sur les chantiers plus tôt cette année.

Par contre, de nombreuses entreprises continueraient à utiliser les tests de dépistage rapides par précaution supplémentaire, rapporte-t-il.

« Dans ce cas, Canadian Natural Resources a fait son choix — je n’ai pas encore entendu où les autres s’en vont, a déclaré M. Berkenpas. Mais des tests rapides seront utilisés là où ils pensent que c’est nécessaire. »