(Paris) La compagnie aérienne Air France et l’avionneur européen Airbus devront subir leur procès pour « homicides involontaires » après l’écrasement du vol Rio-Paris en 2009 qui avait fait 228 morts : la justice française a jugé irrecevables leurs pourvois dans une décision rendue mercredi.

Cette décision « vient clore 12 années de procédures peuplées d’espoirs, d’incertitudes, d’humiliations, mais jamais de résignation », a réagi Danièle Lamy, présidente de l’association Entraide et Solidarité AF447 (le numéro de ce vol Rio-Paris), dans un communiqué transmis à l’AFP.

Le constructeur et la compagnie aérienne avaient formé un pourvoi en cassation après l’annonce le 12 mai de leur renvoi devant un tribunal correctionnel français pour cet accident.

« Toute la lumière pourra enfin être faite sur (cette) tragédie, l’histoire d’un écrasement annoncé depuis 2008 », a ajouté Mme Lamy, qui attend « un procès équitable qui n’oubliera aucune des contingences coupables ».  

Les dates du procès n’ont pas encore été fixées.

Le vol AF447 reliant Rio de Janeiro (Brésil) à Paris s’était abîmé au milieu de l’Atlantique le 1er juin 2009.

Les pilotes, désorientés par une défaillance des sondes anémométriques en pleine zone météorologique instable du Pot au noir, n’avaient pu rattraper le décrochage de l’A330, entraînant la mort des 216 passagers et 12 membres d’équipage.  L’épave et les boîtes noires avaient été retrouvées deux ans plus tard, à près de 4000 mètres de fond.

Après 10 ans de procédure, les juges d’instruction français avaient prononcé un non-lieu en 2019, en avançant que les investigations n’avaient pas permis d’établir « un manquement fautif d’Airbus ou d’Air France en lien […] avec les fautes de pilotage […] à l’origine de l’accident ».  

La cour d’appel a, au contraire, considéré que la compagnie aérienne « s’est abstenue de mettre en œuvre une formation adaptée […] et l’information des équipages qui s’imposait » face à la défaillance technique rencontrée, « ce qui a empêché les pilotes de réagir comme il le fallait », a indiqué une source proche du dossier.  

Et Airbus « a sous-estimé la gravité des défaillances des sondes anémométriques […] en ne prenant pas toutes les dispositions nécessaires pour informer d’urgence les équipages […] et contribuer à les former efficacement », a considéré la cour, d’après cette source.