La pression politique s’intensifie pour qu’Olymel et ses travailleurs syndiqués de l’usine d’abattage de porcs de Vallée-Jonction, en Beauce, mettent fin au conflit qui dure depuis près de quatre mois.

Dans ce qu’il qualifie de « rencontre de la dernière chance », le ministre du Travail, Jean Boulet, a convoqué les parties jeudi matin afin de « mettre de la pression de la meilleure façon possible » et d’éviter la fermeture partielle de l’usine. « J’ai nommé deux conciliateurs, j’ai nommé un médiateur spécial, et ça ne fait pas », a déclaré le ministre Boulet à l’occasion d’une mêlée de presse, mercredi.

Quel recours lui reste-t-il ? lui a-t-on demandé. « Je ne veux pas faire l’étalage de tout ce que le Code du travail prévoit, mais il y a la possibilité notamment, sur consentement des deux parties, que je puisse déférer le contentieux à un arbitre qui pourrait les entendre et déterminer le contenu de la convention collective. Ça fait partie des options, mais il faut véritablement que les parties reviennent à l’état où elles étaient avant l’assemblée générale de mardi dernier. »

La semaine dernière, les travailleurs syndiqués de l’usine de la Beauce ont voté à 57 % contre l’entente de principe intervenue entre le syndicat et l’employeur. Pour dénouer l’impasse, le ministre du Travail avait alors nommé un médiateur spécial.

L’entreprise a pour sa part annoncé mardi son intention d’abolir son quart de travail de soir, entraînant la perte de 500 postes – sur les 1050 travailleurs de l’usine –, si aucune entente n’est conclue d’ici dimanche. Normalement, le quart de travail de soir permet d’abattre entre 15 000 et 17 000 porcs chaque semaine, sur un total de 36 000. Si l’entreprise va de l’avant, l’usine diminuera ses capacités d’abattage.

Questionnées à propos de cette rencontre cruciale, les deux parties ont assuré qu’elles assisteraient à la rencontre. Elles ne semblaient toutefois pas savoir quelles cartes brandirait le ministre pour tenter de régler le conflit.

On va voir s’il a une baguette magique. J’ai hâte de voir ce qu’il a comme solution. On est là pour négocier et on veut avoir une entente de principe.

Martin Maurice, président du syndicat

De son côté, Olymel dit souhaiter « en arriver à un règlement qui permettra le redémarrage des activités de l’usine de Vallée-Jonction ». « S’il [le ministre] nous a demandé d’être présents, c’est qu’il a sûrement des cordes à son arc pour tenir pareille rencontre », a affirmé le premier vice-président d’Olymel, Paul Beauchamp. « Il reste peu de temps, mais si tout le monde travaille avec la volonté d’en arriver à un règlement, on pourra y arriver. »

Selon les plus récents chiffres dévoilés par Les éleveurs de porcs du Québec, près de 166 000 bêtes sont en attente d’être abattues. « On est à l’aube d’un gaspillage alimentaire », a déploré le ministre Boulet.

Avec la collaboration de Fanny Lévesque, La Presse