La fintech torontoise ambitionne de « faire de chaque journée un jour de paie » en permettant aux utilisateurs d’accéder à tout moment à une partie de leur paie

Être payé tous les jours plutôt que toutes les deux semaines ? L’offre semble trop belle pour être vraie. Mais à quelques nuances près, c’est un concept déjà bien connu aux États-Unis et au Royaume-Uni que la fintech torontoise KOHO veut populariser au Canada.

« KOHO fait de chaque journée un jour de paie, résume en entrevue Felix Wu, chef de la direction financière. On permet aux employés d’accéder à leur salaire d’avance sur demande, jusqu’à 50 % de ce qu’ils ont gagné, tous les jours s’ils le souhaitent. »

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Felix Wu, chef de la direction financière de KOHO

Le plus important client de KOHO, Ameego, gère les horaires et les paies de quelque 75 000 employés du domaine de la restauration, pour des chaînes comme Tim Hortons ou Boston Pizza. OSL, qui offre le service DailyPay notamment utilisé par McDonald’s et T-Mobile aux États-Unis depuis avril 2020, a également choisi KOHO pour étendre cette formule au Canada. Elle est offerte depuis quatre semaines.

D’un chèque à l’autre

Selon M. Wu, 85 % des 7500 employés relevant d’OSL aux États-Unis ont profité à un moment ou à un autre de cette « paie instantanée », dont la gestion est totalement gratuite pour l’employeur. Il croit que l’accueil sera aussi enthousiaste au Canada.

Il y a un grand besoin au Canada, où 50 % des gens vivent d’un chèque à l’autre et se retrouvent sans argent en cas d’urgence ou de dépense imprévue.

Felix Wu, chef de la direction financière de KOHO

Cette « paie instantanée » est en fait une avance sur salaire. Tous les jours, les employeurs ou les gestionnaires de ressources humaines comme Ameego envoient à KOHO les fichiers détaillés des heures travaillées et du salaire qui est dû à chaque employé. À la suite de quoi chacun peut aller sur le site de KOHO et demander à recevoir 50 % du salaire qu’il a accumulé. KOHO retire ensuite son dû lorsque la paie est déposée, généralement toutes les deux semaines.

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Si l’employé accepte d’attendre que l’argent lui soit versé le lendemain dans son compte KOHO, il ne paie pas un sou.

S’il accepte d’attendre que cet argent lui soit versé le lendemain dans son compte KOHO, l’employé ne paie pas un sou. S’il veut cet argent le jour même, l’avance lui coûtera 2 $ si on la verse dans son compte KOHO ou 3,50 $ si on la verse dans son compte personnel.

Fondée il y a sept ans, KOHO n’est pas tout à fait une banque : elle s’est en fait associée à une institution canadienne détenant une charte bancaire, Peoples Trust, et les transactions sont effectuées à partir d’une carte Visa prépayée rechargeable.

KOHO, dont l’effectif est d’un peu plus de 200 employés, affirme avoir 375 000 membres au Canada, dont 48 000 au Québec. Elle offre notamment un taux d’intérêt de 1,2 % sur les soldes, sans frais mensuels sur ses comptes, ainsi qu’un outil d’amélioration du crédit. Valorisée à 300 millions de dollars, elle a pour principaux actionnaires Power Corporation (par l’intermédiaire de sa division de capital-risque Portage), Drive Capital, TTV Capital et la Banque Nationale.

Absentéisme et motivation

En ce qui concerne la paie instantanée, M. Wu ne s’attend pas à ce que la plupart des employés qui y ont accès retirent 50 % de leur salaire tous les jours. Il ne s’agit pas non plus d’une façon très efficace d’établir un budget ni, évidemment, de sortir d’une situation financière précaire à long terme, reconnaît-il.

C’est une solution pour les gens qui ont un problème de timing ; elle est alors excellente. Sinon, ces gens peuvent se retrouver à demander des prêts à des taux d’intérêt énormes. Mais ce n’est pas une solution si vous ne gagnez pas assez d’argent.

Felix Wu, chef de la direction financière de KOHO

Le chef de la direction financière de KOHO estime qu’il s’agit d’une bonne façon pour un employeur d’attirer des candidats, de contrer l’absentéisme et de motiver ses employés.

« Quand les sociétés offrent ça, on voit moins d’absentéisme et une meilleure rétention. Les soucis financiers des employés ont un impact sur leur travail de tous les jours, sur leur santé mentale. »