(Montréal) La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante pousse les hauts cris devant la revendication de la FTQ de fixer le taux du salaire minimum à 18 dollars de l’heure l’an prochain.

À l’heure actuelle, le salaire minimum est de 13,50 $. La plus grande centrale syndicale du Québec, la FTQ, qui revendiquait depuis 2016 d’établir le taux à 15 $, a fait savoir en entrevue mardi qu’elle réclame maintenant qu’il soit fixé à 18 $ l’heure en 2022.

Le président de la FTQ, Daniel Boyer, estime que 15 $ l’heure n’est maintenant plus suffisant pour sortir de la pauvreté. Et il rappelle qu’il y a rareté de main-d’œuvre dans bien des secteurs où les salaires sont peu élevés.

Mais la FCEI, qui représente des petites et moyennes entreprises, affirme qu’avec une hausse du salaire minimum de 33 %, des PME, déjà fragilisées par la COVID, vont carrément fermer, ce qui entraînerait des pertes d’emplois.

« C’est juste pas réaliste ; ça n’a aucun sens », s’est exclamé en entrevue mercredi, le vice-président pour le Québec de la FCEI, François Vincent.

Il estime qu’il y avait d’autres moyens pour sortir les gens de la pauvreté, notamment par des mesures fiscales ou par une baisse des taxes sur la masse salariale.

« Si on veut lutter contre la pauvreté, il y a d’autres mesures qu’on peut mettre en place, qui peuvent avoir une portée, qui vont rejoindre les personnes qui sont vraiment en situation de pauvreté plutôt que d’augmenter de façon vertigineuse le salaire minimum », a opiné M. Vincent.

Quand on lui souligne que des employeurs affirment eux-mêmes qu’ils doivent augmenter les salaires pour parvenir à trouver du personnel, il réplique que ce n’est pas une raison pour hausser le salaire minimum pour tous. « Les impacts vont être majeurs », objecte-t-il.

Conseil du patronat

Au Conseil du patronat du Québec, le président et chef de la direction, Karl Blackburn, estime qu’il faut évaluer le « revenu global », le revenu disponible, et non s’arrêter seulement au salaire minimum.

Il trouve d’ailleurs convenable de fixer le salaire minimum en proportion du salaire moyen, comme le fait le gouvernement du Québec.

Il souligne d’ailleurs que la revendication des 15 $ l’heure est pratiquement atteinte, puisque le gouvernement fédéral a déjà proposé dans son budget 2021 d’établir le salaire minimum à 15 $ l’heure au fédéral et de l’augmenter en fonction de l’inflation par la suite. Cela devait entrer en vigueur le 29 décembre prochain.

Quant à l’argument de la FTQ voulant que le salaire « minimum » devrait permettre de sortir de la pauvreté, M. Blackburn fait valoir qu’il existe des programmes pour aider les travailleurs à faible revenu au Québec.

« Il faut garder l’équilibre », affirme-t-il, sans quoi on risque de causer une montée inflationniste, des fermetures d’entreprises et des pertes d’emplois.

« Il y a toujours quelqu’un en bout de piste qui va payer la facture de ces rehaussements de salaire là. Et, ultimement, c’est le consommateur, c’est le client », a conclu M. Blackburn.