(San Francisco) La Californie estime que l’éditeur américain de jeux vidéo Riot Games a échoué à informer ses employés de leur droit de s’adresser au gouvernement en cas de harcèlement ou discrimination, alors que se succèdent les scandales sur les conditions de travail des minorités dans ce secteur.

Une agence de l’État chargée du respect des droits civils, la Department of Fair Employment and Housing (DFEH), a demandé lundi à une cour de Los Angeles d’imposer à Riot Games, à l’origine du célèbre League of Legends, d’envoyer une note à tous ses salariés pour leur signifier leur « droit à parler librement » avec les autorités au sujet d’éventuelles pratiques illégales sur leur lieu de travail.

« Les accords qui tentent d’empêcher les individus de déposer plainte ou d’assister la DFEH contreviennent aux clauses anti-représailles et anti-interférence prévues » par une loi sur l’équité au travail, a déclaré Kevin Fish, le directeur de l’agence, cité dans un communiqué.

Il fait référence à des « accords secrets » passés entre Riot Games et une centaine de femmes qui avaient renoncé à leurs droits. Des accords débusqués par les autorités grâce à une enquête en 2019 sur du harcèlement, des discriminations et des agressions sexuelles au sein de la société.

Sur une requête de l’agence étatique, un tribunal a enjoint au développeur de spécifier correctement leurs droits à ses équipes. « Mais Riot est en retard de deux mois dans le processus », explique l’agence.

Contactée par l’AFP, l’entreprise a assuré que « des notifications sont envoyées aux anciens employés pour confirmer que les accords passés avec Riot n’ont jamais interdit de communiquer avec les agences gouvernementales ».

« Riot n’a jamais pris et ne prendra jamais de mesures contre quiconque pour avoir parlé au gouvernement ».

En 2018, une enquête du site spécialisé Kotaku avait braqué les projecteurs sur un environnement de travail où les femmes étaient harcelées et dénigrées. Un recours collectif contre Riot Games avait été lancé.

En début d’année, le développeur, et son patron français, Nicolo Laurent, ont été poursuivis par une ex-employée devant un tribunal de Los Angeles. Mais une commission spéciale du conseil d’administration de l’entreprise a estimé qu’il n’y avait « aucune preuve » que M. Laurent s’était rendu coupable de harcèlement sexuel.

Le studio français Ubisoft a aussi été éclaboussé à l’été 2020 par de multiples révélations sur le comportement sexiste et violent de plusieurs de ses cadres, entraînant plusieurs départs.

Et l’agence californienne a intenté une action en justice contre Activision Blizzard, créateur de la superproduction Call of Duty pour harcèlement sexuel, discriminations ethniques et machisme à l’encontre des femmes qui représentent environ 20 % des employés du groupe.