Les deux tiers des Québécois sont d’accord avec la fermeture des commerces non essentiels le dimanche, mais près de la moitié désapprouveraient cette mesure pour les quincailleries.

Dans un sondage en ligne mené par la firme CROP du 4 au 10 août auprès de 1000 personnes, 63 % des répondants se sont dits favorables à la fermeture dominicale des commerces non essentiels, comme les magasins de vêtements, de meubles, de décoration, etc.

Un sondage mené à la fin du mois de juillet par La Presse auprès d’un panel de lecteurs avait montré un appui similaire, à hauteur de 71 %.

La fermeture dominicale des commerces essentiels, tels les dépanneurs, les pharmacies et les épiceries, a tout de même obtenu l’aval de 31 % des répondants au sondage de CROP.

C’est un énorme pas en arrière si on se rend jusque-là.

Dominic Bourdage, vice-président de CROP

« C’est quand même assez important de voir qu’une personne sur trois dit qu’elle peut se passer de pharmacies et d’épiceries, même le dimanche », a commenté celui qui dit avoir connu l’époque où tout était fermé lors du « jour du Seigneur ».

Un besoin de ralentissement

« Il y a une belle histoire derrière ça, fait observer Dominic Bourdage. Depuis plusieurs années, on nous parle de la société des loisirs, on parle de ralentir. Je pense que tranquillement – et c’est un peu la conclusion –, les gens commencent à réaliser que s’ils veulent ralentir professionnellement, ça passe aussi par un ralentissement sur le plan de la consommation. »

Ce sentiment semble moins répandu dans la région métropolitaine de Montréal, où le soutien à la fermeture des commerces non essentiels tombe à 56 %.

« Les métropoles sont des capitales d’effervescence, il est donc normal que le taux d’appui y soit moindre », explique le vice-président.

« Il est moindre aussi chez les plus jeunes, qui ont soif, surtout après cette année et demie de confinement, de consommer à outrance. »

La fermeture des commerces non essentiels recueille la faveur de 53 % des répondants âgés de 18 à 34 ans, contre 72 % chez les personnes de 55 ans et plus.

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Statut spécial pour les quincailleries

Le débat avait été lancé au début de l’été par l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT), qui faisait valoir que les propriétaires de petites quincailleries trouvaient bien peu d’avantages à ouvrir leur commerce le dimanche.

Le sondage CROP montre que les quincailleries semblent avoir un statut particulier parmi les commerces : leur fermeture le dimanche ne recueille que 53 % d’appui, soit 10 points de pourcentage de moins que pour les autres commerces non essentiels.

« C’est un peu par eux qu’est parti tout le débat public et on réalise qu’une quincaillerie, c’est un peu à mi-chemin entre le commerce essentiel et le commerce non essentiel, relève Dominic Bourdage. C’est peut-être moins essentiel que des Tylenol, mais ce l’est davantage qu’une nouvelle paire de souliers. »

Un effet culturel ou métropolitain ?

Les répondants non francophones, avec 44 % d’appuis, sont plus réfractaires à la fermeture dominicale des commerces non essentiels que les francophones, que cette perspective fait sourire à raison de 68 %.

« Il faut quand même faire attention, met en garde le vice-président de CROP. Oui, on voit que les anglophones sont moins favorables, mais les Montréalais le sont moins également. Or, les anglophones habitent surtout à Montréal. Est-ce un effet métropolitain ou un effet de culture ? J’ai le sentiment que c’est probablement un effet métropolitain. »

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