(Québec) Les actionnaires d’Exfo ont approuvé vendredi l’offre d’achat de son fondateur, Germain Lamonde, en vue de fermer le capital de l’entreprise de Québec, malgré les tentatives de séduction d’un concurrent dont l’offre était supérieure.

L’offre de l’homme d’affaires, à 6,25 $ US par action à droit de vote subalterne, a été approuvée par 90,95 % des actionnaires à droit de vote subalternes de la société, lors d’une assemblée extraordinaire tenue virtuellement vendredi. Le résultat exclut les titres détenus par M. Lamonde et par Philippe Morin, le président-directeur général.

La transaction doit encore obtenir l’appui de la Cour supérieure du Québec, qui devrait rendre sa décision dans environ une semaine, a précisé M. Lamonde en entrevue avec La Presse Canadienne après l’assemblée virtuelle. S’il obtient le feu vert, il estime qu’il faudra entre « une semaine et dix jours » pour conclure la transaction, ce qui serait chose faite à la fin du mois d’août ou au début de septembre.

L’entrepreneur s’est dit « très heureux » de l’appui favorable des actionnaires minoritaires de la société, qui fabrique des équipements de test, de surveillance et d’analyse pour l’industrie des communications.

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Germain Lamonde

Un vote à 91 %, ça parle de soi-même. Je suis très content de la confiance que les actionnaires d’Exfo nous ont accordée en soutenant l’organisation au fil des années et en acceptant la proposition qui leur a été faite.

Germain Lamonde, fondateur d’Exfo

Retirer Exfo de la Bourse était une meilleure option pour ses actionnaires minoritaires et pour l’entreprise qu’il a fondée en 1985, croit M. Lamonde. Il raconte que de nombreux actionnaires se plaignaient du manque de liquidité du titre, en raison de la participation importante du fondateur et d’autres actionnaires à long terme. L’offre, représentant une prime de 69 % par rapport à la valeur de l’action au 4 juin, leur offrait une porte de sortie, selon lui.

Le fait d’être cotée à la Bourse « ajoutait peu de valeur » pour l’entreprise, ajoute son actionnaire majoritaire. Il explique que la société devait engager les dépenses réglementaires liées à une inscription à la Bourse sans pouvoir utiliser son titre pour se financer.

Le fait de devenir une entreprise à capital fermé n’amènera pas de changements pour les employés et les clients. M. Lamonde assure qu’il veut qu’Exfo maintienne sa réputation d’entreprise qui investit dans la recherche et le développement.

Proposition contestée

La proposition de M. Lamonde obtient ainsi un fort appui en dépit d’une offre à 8 $ US par action de la part du concurrent Viavi et de la recommandation de la société de conseil aux actionnaires Glass Lewis de voter contre la proposition du fondateur. Il n’a pas été possible d’obtenir une réaction des représentants de Viavi, après le vote des actionnaires.

Le conseil d’administration avait refusé l’offre de l’entreprise établie en Arizona puisque M. Lamonde avait écarté toute possibilité pour Exfo, à moins qu’il ne donne son propre accord, de fermer son capital. L’entrepreneur contrôle directement ou indirectement 61,46 % des actions émises et en circulation d’Exfo et 93,53 % des droits de vote.

Autrement dit, il était impossible pour M. Lamonde de fermer le capital de la société qu’il a fondée sans l’appui des actionnaires minoritaires. Par contre, il pouvait bloquer les avances de Viavi, peu importe l’opinion des autres actionnaires.

Le fondateur a dit à plusieurs reprises qu’il refuserait de vendre ses actions, même s’il ne parvenait pas à fermer le capital.

Le 6 août, Glass Lewis avait critiqué M. Lamonde pour son rejet « obstiné » de la proposition de Viavi. « [Nous] ne voyons aucune raison pour que les investisseurs minoritaires récompensent l’approche apparemment indifférente de M. Lamonde en matière de fermeture du capital », avait expliqué Glass Lewis.

Le lundi suivant, quelques jours à peine avant l’assemblée, M. Lamonde avait bonifié son offre initiale présentée le 7 juin de 4,1 %, la faisant passer de 6 $ US à 6,25 $ US, après les critiques de Glass Lewis.

Maintenir l’entreprise au Québec

En entrevue, M. Lalonde défend sa proposition : « C’était une offre honnête, ce n’était pas une offre opportuniste. » En tant qu’actionnaire majoritaire, il était dans son bon droit de refuser les avances d’une société américaine, insiste-t-il. « C’est important pour moi de soutenir l’économie du Québec, répond-il. Pour moi, c’est non négociable. »

Les systèmes publics de santé et d’éducation « hors pair » du Québec permettent à de jeunes entrepreneurs de se lancer en affaires, poursuit-il. Il leur revient par la suite de contribuer à l’économie pour financer les services publics, selon lui. « Je suis le cinquième enfant d’une famille de sept enfants, élevés sur une ferme. Nous avons tous fait des études universitaires. Ce n’était pas parce que mes parents étaient riches, mais parce que le gouvernement a investi dans la formation. »

À la Bourse de Toronto, l’action a clôturé en hausse de 23 cents, ou 3,1 %, à 7,78 $, vendredi.