(Londres) La propriété de Giphy par Facebook nuira à la concurrence pour les images animées, a estimé une agence britannique jeudi, ce qui pourrait ultimement contraindre le mastodonte des réseaux sociaux à annuler la transaction.

La Competition and Markets Authority (CMA) a expliqué que, selon son enquête, l’acquisition nuirait à la concurrence entre les plateformes sociales puisqu’il y a un seul autre fournisseur important d’images animées, la société Tenor de Google.

La bibliothèque de courts vidéos qui se répètent en boucle de Giphy est très populaire auprès des internautes qui envoient des messages ou s’expriment en ligne.

L’entente réduirait aussi la concurrence dans le secteur de la publicité numérique en retirant un rival potentiel du marché, a dit l’agence. Elle a commencé à s’intéresser à la transaction l’an dernier, peu après l’annonce par Facebook de l’acquisition de Giphy pour environ 400 millions US.

Des agences australiennes et autrichiennes étudient aussi l’acquisition, ce qui illustre l’impact que peuvent avoir de telles transactions sur les marchés locaux.

Facebook a dit être en désaccord avec les conclusions préliminaires, qui selon lui ne sont pas appuyées par les preuves.

« Comme nous l’avons démontré, ce regroupement est dans le meilleur intérêt des gens et des entreprises du Royaume-Uni-et de toute la planète – qui utilisent Giphy et nos services, a dit Facebook. Nous continuerons à collaborer avec la CMA pour corriger cette perception erronée que la transaction nuit à la concurrence. »

Avant la transaction, Giphy envisageait d’offrir ses services publicitaires payants dans de nouveaux pays, dont le Royaume-Uni. Cette arrivée d’un nouveau joueur sur le marché aurait entraîné plus d’innovation de la part des réseaux sociaux et des annonceurs, a dit la CMA.

Facebook a toutefois mis fin aux partenariats publicitaires payants de Giphy après l’acquisition, a-t-elle ajouté.

« L’acquisition de Giphy pourrait voir Facebook retirer les GIFs de plateformes rivales ou exiger plus de données des consommateurs pour y avoir accès. Cela fait aussi disparaître un rival potentiel à Facebook », qui domine le marché britannique de la publicité en ligne, qui a une valeur de 7,6 milliards US, a dit la CMA. « Rien de tout ça ne serait de bonnes nouvelles pour les consommateurs. »

Le président de l’enquête, Stuart McIntosh, a ajouté que l’agence accueille maintenant les commentaires, avant le dévoilement de ses conclusions le 6 octobre.

« Si nous en venons à la conclusion que le regroupement nuit au marché et aux utilisateurs des réseaux sociaux, nous prendrons les mesures nécessaires pour garantir la protection de la population », a-t-il dit.

Au moment de l’annonce de la transaction, Facebook avait indiqué qu’environ la moitié de l’achalandage de Giphy provenait des applications de Facebook, notamment Messenger et WhatsApp. Il avait prévu d’incorporer Giphy à Instagram, mais la CMA lui a ordonné de ne rien faire pendant l’enquête.

Facebook est surveillé de plus en plus près pour des transactions qui seraient peut-être autrement passées sous le radar des autorités, alors qu’on s’inquiète de plus en plus du pouvoir des géants numériques.

La CMA, les régulateurs allemands et l’Union européenne examinent aussi l’intention de Facebook d’acheter Kustomer, une plateforme de gestion de la clientèle.