(Montréal) L’appui bipartisan au plan d’investissement dans les infrastructures de Joe Biden pourrait faire en sorte de débloquer certains projets que lorgne Groupe WSP Global, croit Alexandre L’Heureux, le président et chef de la direction de la firme de génie-conseil montréalaise.

Le Sénat américain a approuvé mardi un plan d’investissement de 1200 milliards US dans les infrastructures, à une majorité de 69 voix contre 30. Le tiers des élus républicains ont voté en faveur. Le texte doit être soumis à la Chambre des représentants.

« Je ne crois pas avoir vu un appui bipartisan aussi fort depuis une décennie, a commenté M. L’Heureux mercredi, dans le cadre d’une conférence avec les analystes visant à discuter des résultats du deuxième trimestre. Il y a clairement un consensus que le réinvestissement dans les infrastructures est un besoin essentiel. »

L’annonce survient tandis que la croissance interne de l’entreprise aux États-Unis est en stagnation au cours des six premiers mois de l’année. Le dirigeant a toutefois précisé que le taux de succès sur les soumissions « est élevé comme jamais » et que certains contrats n’ont pas encore été intégrés au carnet de commandes.

La pandémie amène un fardeau important sur les États et les villes aux États-Unis, ce qui rend les élus hésitants avant de s’engager dans des projets, constate M. L’Heureux. « Je ne suis pas surpris par le fait qu’un financement de milliers de milliards sur le point de se concrétiser incite les élus à attendre avant de donner le feu vert à certains projets. En ajoutant la pandémie, c’est normal qu’il y ait certaines hésitations. »

Au sujet des bureaux de la société, il a souligné que la moitié des baux arriveront à échéance d’ici trois ans. La direction estime qu’il est trop tôt pour revoir ses plans immobiliers, mais le grand patron de WSP a assuré qu’il se pencherait sur la question. « La situation est fluide et nous voulons prioriser le bien-être de nos employés et de notre culture. Nous ferons un plan immobilier quand nous aurons une meilleure idée de ce que nous voulons faire. »

Résultats supérieurs aux attentes

WSP a présenté des résultats supérieurs aux attentes au deuxième trimestre, aidée par l’acquisition de la firme ontarienne de services-conseils spécialisée en environnement Golder, conclue en avril dernier.

WSP a dévoilé un bénéfice ajusté avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 342,6 millions, en hausse de 24,1 % par rapport à la même période l’an dernier. Le BAIIA est l’indicateur qui attire le plus l’attention des analystes qui suivent l’entreprise. Avant la publication des résultats, ils anticipaient un BAIIA de 324 millions.

À la Bourse de Toronto, l’action clôturait en hausse de 9,07 $, ou 6,01 %, à 160,09 $, mercredi.

L’entreprise a mentionné que Golder avait enregistré une croissance interne supérieure à 10 %. « Ils ont bien fait dans tous les pays, de l’Amérique latine jusqu’en Australie, commente M. L’Heureux. Le secteur minier a très bien fait et nous croyons que cela va perdurer dans le futur. Je pense que nous avons été très chanceux quant au moment où nous avons pu réaliser la transaction et nous en sommes très heureux. »

Les revenus, pour leur part, sont en hausse de 16,1 % à 2 milliards, pour la période de trois mois clos le 26 juin dernier. Cette hausse est attribuable à une croissance découlant des acquisitions de 18,7 % dans tous les secteurs, ainsi qu’à la croissance interne globale de 3,6 %. Le bénéfice net ajusté s’établit à 147,3 millions, ou 1,26 $ par action, une augmentation de 40,7 millions et de 0,26 $, respectivement.

Le carnet de commandes atteint 9,6 milliards, en hausse de 14,4 %, ce qui correspond à 11,2 mois de revenus des activités ordinaires. En devises constantes, le carnet de commandes de la Société a affiché une croissance interne de 1,1 % par rapport au 31 décembre 2020.

La direction a profité du dévoilement de ses résultats pour bonifier ses prévisions financières pour 2021. Elle anticipe que le BAIIA ajusté se situera entre 1,275 milliard et 1,325 milliard. Elle anticipait précédemment qu’il se situerait entre 1,220 milliard et 1,290 milliard.

Frederic Bastien, de Raymond James, qualifie les résultats de « solide » et juge que les perspectives mondiales sont attrayantes pour les firmes de génie-conseil à travers le monde. La hausse des prévisions « est l’excuse parfaite pour réitérer notre opinion optimiste sur cette entreprise de grande qualité avec un profil ESG », selon l’analyste. Il bonifie son cours cible, qui passe de 145 $ à 175 $.