(Tokyo) Les deux premiers constructeurs automobiles nippons Toyota et Honda ont livré mercredi des analyses divergentes sur leurs perspectives de résultats annuels : le premier n’a pas relevé ses objectifs, invoquant des risques persistants, tandis que le second s’est montré plus optimiste.

Toyota a publié mercredi des résultats en très forte augmentation sur un an pour son premier trimestre 2021-2022 qui a démarré le 1er avril, mais n’a pas relevé ses prévisions annuelles pour autant.

« La situation est toujours imprévisible en raison de l’expansion de la COVID-19 dans les pays émergents, la pénurie de semi-conducteurs et la flambée des prix des matières premières », a prévenu le géant automobile japonais et premier constructeur mondial en volume en 2020, devant l’allemand Volkswagen.

Toyota a donc maintenu ses prévisions publiées en mai. Il table toujours sur un bénéfice net annuel de 2300 milliards de yens (17,7 milliards d’euros), ce qui serait une hausse de 2,4 % sur un an, ainsi que sur un bénéfice opérationnel de 2500 milliards de yens, soit +13,8 % sur un an.

Il continue d’anticiper un chiffre d’affaires annuel de 30 000 milliards de yens (231,7 milliards d’euros au cours actuel), soit une hausse de 10,2 % par rapport à 2020-2021, pour des ventes totales en volume à 10,55 millions d’unités, toutes marques du groupe confondues.

Le géant japonais a récupéré plus rapidement de l’impact de la COVID-19 que nombre de ses concurrents dans le monde. Il a aussi su plutôt bien gérer jusqu’ici la pénurie mondiale de semi-conducteurs, qui perturbe l’industrie automobile depuis des mois, grâce notamment à sa profonde connaissance de ses chaînes d’approvisionnement.

Mais du fait d’une forte demande mondiale de la part de bien d’autres secteurs que l’automobile, « les livraisons de semi-conducteurs devraient rester tendues au moins jusqu’à l’année prochaine », a rappelé Yasuo Imanaka, analyste de Rakuten Securities.

En outre, « l’impact de la propagation du variant Delta à la fois sur les ventes et la production en Asie est un risque potentiel pour Toyota », a souligné Satoru Takada, analyste du cabinet d’études TIW interrogé par l’AFP en amont des résultats du groupe.

Toyota a récemment été contraint de suspendre temporairement la production dans plusieurs de ses usines au Japon et en Thaïlande, pénalisées par un manque de pièces détachées dû à la recrudescence de la pandémie en Asie du Sud-Est.

Investisseurs déçus

Sur son premier trimestre, le bénéfice net de Toyota a été multiplié par plus de cinq sur un an, totalisant 897,8 milliards de yens (6,9 milliards d’euros), un record grâce à la reprise dynamique de son activité après l’impact initial de la pandémie.

Son bénéfice opérationnel a atteint 997,5 milliards de yens, et ses ventes trimestrielles ont bondi de 72,5 % sur un an à 7935,6 milliards de yens (61,3 milliards d’euros).

Ses ventes totales en volume ont grimpé de 49 % sur un an sur le trimestre écoulé, avec des progressions encore plus élevées en Amérique du Nord, son premier marché, ainsi qu’en Asie (hors Japon) et en Europe.

Mais les investisseurs ont fait la fine bouche, beaucoup d’entre eux ayant espéré un relèvement de ses objectifs annuels. Le titre Toyota a piqué du nez après la publication de ses résultats et a clôturé en baisse de 0,84 % à 9970 yens à la Bourse de Tokyo (indice Nikkei : -0,21 %).

Son rival et compatriote Honda a lui relevé mercredi ses prévisions annuelles, en pariant que ses efforts constants de réduction de coûts permettront de compenser des facteurs négatifs comme la pénurie de semi-conducteurs et la résurgence actuelle du coronavirus, principalement en Asie.

Honda table désormais sur un bénéfice net annuel de 670 milliards de yens (5,2 milliards d’euros), contre une prévision précédente de 590 milliards de yens. Cela représenterait une progression de 1,9 % par rapport à 2020/21. Il a aussi relevé ses prévisions de bénéfice opérationnel et de chiffre d’affaires annuels.

La semaine dernière, Nissan s’était aussi affiché confiant pour 2021-2022, mais l’allié du français Renault part de beaucoup plus loin que Toyota et Honda : il sort de deux exercices profondément dans le rouge, et vise désormais un bénéfice net annuel limité à 60 milliards de yens (462 millions d’euros).