Pierre Karl Péladeau a tenté vendredi de se montrer le plus convaincant possible au sujet des ambitions de Québecor dans le sans-fil à l’extérieur du Québec à la suite de l’acquisition de blocs de spectre au Canada anglais. Plusieurs avenues peuvent être empruntées pour utiliser ces licences. La revente à profit en demeure une.

En acceptant de débloquer 830 millions cet été pour 294 blocs de spectre de la bande 3500 MHz au pays, dont 175 en Ontario, au Manitoba, en Alberta et en Colombie-Britannique, Québecor affirme qu’elle prévoit déployer son service de téléphonie mobile dans certaines régions du reste du Canada.

« C’est le premier pas vers l’expansion de nos activités de télécommunication à l’extérieur du Québec », a dit Pierre Karl Péladeau vendredi au cours d’une conférence téléphonique avec les analystes.

Le grand patron de Québecor soutient que l’organisation possède maintenant la fondation sur laquelle planifier son expansion hors Québec. « On a la feuille de route, l’expertise et les moyens financiers pour réussir. »

Croissance et innovation

Ce n’est pas d’hier que Québecor affirme caresser des ambitions nationales. La direction a dans le passé procédé à l’acquisition de blocs de spectre pour ensuite les revendre à profit au lieu de les utiliser pour investir dans ses infrastructures et élargir son réseau.

Interpellé sur cette question, Pierre Karl Péladeau a répondu que les blocs de spectre achetés cet été ont effectivement une valeur « significative ». « Notre objectif n’est cependant pas de spéculer sur le spectre. Ça ne l’a jamais été et ça ne le sera jamais », a-t-il ajouté.

Des observateurs craignent les coûts importants liés à une expansion sans fil hors Québec et, par la bande, une explosion du niveau d’endettement.

Le succès de Québecor au Québec s’explique entre autres par son offre de produits (sans-fil, câble, internet et téléphonie résidentielle). L’environnement concurrentiel pour l’entreprise à l’extérieur du Québec en n’offrant qu’un seul produit – le sans-fil – pourrait s’avérer difficile.

Pierre Karl Péladeau reconnaît que le marché serait différent. « Ça ne veut toutefois pas dire qu’il n’y a pas de place pour une offre de produit unique [le sans-fil]. Il y a aussi d’autres alternatives à considérer pour innover », a-t-il dit en soulignant au passage l’exemple des services d’accès internet de tiers.

Un analyste a par ailleurs demandé à Pierre Karl Péladeau ce que l’intérêt pour le sans-fil à l’échelle nationale laissait entendre au sujet des perspectives de croissance au Québec.

« Compte tenu de nos parts de marché, il ne fait aucun doute que les opportunités de croissance sont limitées au Québec », a répondu le PDG.

Québecor dit avoir un intérêt pour les actifs sans fil de Shaw (Freedom Mobile) advenant la vente de ceux-ci. La totalité ou certains de ces actifs pourraient devoir être vendus pour que les autorités approuvent l’achat de Shaw par Rogers. Une décision en ce sens n’est cependant pas attendue avant encore quelques mois. Canaccord évalue l’ensemble des actifs de Shaw dans le sans-fil à 6,2 milliards.

Québecor n’est pas l’unique acquéreur potentiel de Freedom Mobile. Xplornet, une entreprise privée ontarienne détenue par la firme new-yorkaise Stonepeak, vient aussi de faire l’acquisition cet été d’importants blocs de spectre.

L’analyste Jeff Fan, de la Scotia, croit que Xplornet est également bien positionnée pour acheter Freedom Mobile. Cet expert croit aussi que Xplornet pourrait bien devenir une cible d’acquisition stratégique pour Québecor.

Une autre possibilité pour Québecor serait de se prévaloir des droits émanant des récentes décisions du CRTC. Québecor se dit prête à négocier des tarifs avec les principaux fournisseurs (Rogers, Bell, Telus) pour obtenir un accès d’exploitants de réseaux mobiles virtuels. Québecor précise cependant que cette éventualité n’est envisageable que « sous les bonnes conditions ».

Pierre Karl Péladeau a terminé la conférence téléphonique de vendredi en voulant rassurer les investisseurs. « Nous connaissons trop bien l’importance d’un niveau d’endettement décent. On ne l’oubliera pas. Vous n’avez pas à craindre un endettement trop élevé. »

L’action de Québecor a terminé la dernière séance boursière de la semaine en baisse de 1 %, à 32,64 $, à Toronto.