La fintech torontoise Koho, qu’une ronde de financement réalisée en mars vient de valoriser à 300 millions de dollars et dont deux des principaux actionnaires sont Power Corporation et la Banque Nationale, lance cette semaine une offensive au Québec.

Fondée il y a sept ans, Koho doit annoncer plus tard cette semaine que son application mobile de produits financiers est dorénavant offerte en français au Québec.

Koho, qui souhaite attirer de nouveaux adeptes au détriment des grandes banques, qui sont ses principaux concurrents directs, soutient avoir aujourd’hui 375 000 membres au Canada, dont 68 000 francophones et 48 000 au Québec.

La direction ambitionne de doubler, voire de tripler son nombre d’adhérents chaque année, et espère s’approcher du million de membres au pays dans un an.

L’application Koho propose un compte de dépenses et d’épargne « sans frais cachés ». Le compte est assorti d’une carte Visa prépayée rechargeable qui rapporte de l’argent sur chaque achat, et d’une application intégrée qui aide les utilisateurs à dépenser « intelligemment » et à épargner davantage.

« Beaucoup de Canadiens n’ont pas les moyens de laisser dormir des milliers de dollars dans leur compte bancaire simplement pour éviter de payer des frais bancaires », dit Felix Wu, directeur financier chez Koho, au cours d’une entrevue avec La Presse.

Ces gens n’ont pas les moyens de payer des frais et ce sont eux qui en paient alors que les gens riches peuvent éviter d’en payer. C’est injuste comme système bancaire. Nous proposons une façon d’épargner de l’argent parce qu’on offre un taux d’intérêt juste.

Felix Wu, directeur financier chez Koho

« On offre un taux d’intérêt sur les soldes qui s’élève jusqu’à 1,2 %. On offre aussi une remise en argent sur tous les achats effectués à partir du compte. Ces remises en argent vont de 0,5 % à 2 % pour certains achats [produits d’épicerie, produits alimentaires, boissons et transports]. » La remise de 2 % est cependant accessible seulement aux détenteurs d’un compte « Prémium » coûtant 84 $ par année.

Felix Wu explique que l’application est un produit « unique car il n’y a pas de frais mensuels, ni de solde minimum à avoir pour éviter de payer des frais, contrairement aux banques qui facturent des frais entre 5 $ et 30 $ chaque mois, selon le compte ».

Le membre peut utiliser l’application pour réaliser ses achats ou une carte prépayée envoyée par Koho et son partenaire Visa. Le modèle d’affaires de Koho est lié à son partenariat avec Visa. Koho récolte une portion du montant versé à Visa par les marchands qui acceptent la carte.

Koho, dont l’effectif est d’un peu plus de 200 employés, génère aussi des revenus avec d’autres produits. L’entreprise offre notamment un outil visant à aider un utilisateur à améliorer son dossier de crédit ainsi qu’un produit qui permet aux utilisateurs d’accéder à 100 $ de leur chèque de paie jusqu’à trois jours en avance.

Les principaux actionnaires sont Power Corporation (par sa division de capital-risque Portage), Drive Capital, TTV Capital et la Banque Nationale.

Nos investisseurs ont les mêmes convictions et croyances qu’il existe une meilleure alternative bancaire. Ils ont confiance en notre stratégie et nos produits.

Felix Wu, directeur financier chez Koho

La Banque Nationale est la seule banque canadienne à détenir une participation directe dans Koho.

Par l’entremise de son groupe spécialisé NA Capital de risque, la Banque Nationale est partenaire d’une quarantaine de fintechs (entreprises de technologies financières) et investit dans une vingtaine d’entre elles, dont Koho.

« L’objectif est d’encourager l’innovation, les développements technologiques et l’essor d’un écosystème de talents, des éléments qui sont essentiels pour façonner l’avenir de l’industrie des services financiers », commente la porte-parole de la Banque Nationale, Marie-Pierre Jodoin.