Au cours des cinq prochaines années, Boralex a l’intention de mettre le cap sur le marché américain et d’investir 6 milliards pour se propulser à un niveau supérieur.

« Tous les feux sont au vert pour Boralex », a résumé le vice-président aux finances Bruno Guilmette, après la présentation du plan stratégique de l’entreprise à un groupe d’analystes financiers.

Une émission d’actions, des obligations vertes et des partenariats sont au menu pour financer ces investissements massifs, a fait savoir l’entreprise.

Le recours à du nouveau financement n’est pas imminent, précise le président et chef de la direction de Boralex, Patrick Decostre, lors d’un entretien avec La Presse. « On a ce qu’il faut pour les 18 à 24 prochains mois », dit-il, à moins qu’une possibilité d’acquisition importante se présente.

Les acquisitions sont au cœur de la stratégie de croissance de Boralex, qui se dotera d’une équipe consacrée à la recherche de possibilités et à la réalisation de transactions. « On a atteint une taille où ça devient nécessaire », estime son président.

Si le plan rendu public jeudi se réalise, Boralex aura changé considérablement en 2025. L’entreprise veut doubler sa capacité de production d’électricité et augmenter de 10 % son bénéfice d’exploitation.

Le secteur éolien, qui représente actuellement 82 % de la capacité de production de Boralex, diminuera jusqu’à 45 % en 2030. Dans la même période, la part de l’énergie solaire devrait passer de 12 % à 45 %. Le stockage, une activité que veut développer l’entreprise, pourrait compter pour 10 %.

Cap sur les États-Unis

Boralex a un pied au Canada et un pied en Europe, surtout en France. Au cours des prochaines années, elle mettra résolument le cap sur le marché américain. « Il y a plus à faire aux États-Unis », explique Patrick Decostre. La taille du marché américain, et son retard dans l’adoption des énergies vertes par rapport à l’Europe offrent des perspectives très intéressantes pour une entreprise québécoise comme Boralex, dit-il.

La présence de Boralex sur le marché américain pourrait plus que tripler, selon ses prévisions, passant de 12 % actuellement à 45 % en 2030. En France, l’entreprise a l’intention de continuer de croître, même si sa présence relative diminuera. Les contrats conclus directement avec des entreprises comme Orange, Auchan et IBM France, sont un nouveau filon qui continuera d’être exploité.

Au Canada, le marché de l’éolien se dégèle et Boralex, qui est partenaire à 50 % de la communauté innue dans le projet Apuiat, en profitera.

Boralex vend actuellement 98 % de sa production en vertu de contrats à long terme à prix garantis. Cette proportion sera encore de 90 % en 2030, prévoit l’entreprise.

Malgré un contexte qui n’a jamais été aussi favorable aux producteurs d’énergie verte, l’action de Boralex a perdu 30 % de sa valeur depuis le début de l’année. Jeudi, l’action a fini la journée à 38,65 $ à la Bourse de Toronto, en baisse de 0,57 $.

Selon son président, ce paradoxe s’explique par des changements apportés à l’indice S&P Clean Energy Index, dont Boralex fait partie. Le nombre d’entreprises couvertes par l’index est passé de 30 à 82 en début d’année, ce qui a réduit le poids de Boralex et pesé sur la valeur du titre.