(St. John’s) Une bouée de sauvetage de 505 millions de dollars qui va aider à maintenir un champ pétrolifère en vie est une bonne affaire pour la province, a déclaré jeudi le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, même si cela signifie qu’il ne récolterait que 35 millions de dollars de redevances au cours de la prochaine décennie.

À la suite de l’annonce mercredi soir que le champ pétrolifère Terra Nova ne serait pas abandonné par ses propriétaires, le ministre de l’Énergie, Andrew Parsons, a déclaré que les avantages réels pour la province proviendront des emplois et des impôts. De plus, a-t-il dit, si le champ pétrolifère était fermé, il n’y aurait aucune redevance.

« Je pense que c’est une très bonne décision pour cette province, a-t-il déclaré aux journalistes jeudi matin. Nous avons minimisé les risques, nous avons protégé l’avenir, nous avons sauvé des emplois. »

Le champ Terra Nova se trouve à environ 350 kilomètres au sud-est de St. John’s et n’est plus fonctionnel depuis décembre 2019. Environ 80 millions de barils sont encore disponibles, mais l’infrastructure du champ a besoin d’importants travaux de modernisation pour fonctionner.

Les travaux devaient commencer au printemps dernier et permettre d’extraire du pétrole pendant encore une décennie, mais la pandémie de COVID-19 a frappé. À la fin de 2020, alors que les travaux devaient être terminés, l’énorme infrastructure de production et de stockage du champ flottait dans l’eau près de Saint-Jean, presque abandonnée.

Suncor, établie à Calgary, propriétaire minoritaire de Terra Nova, devait prendre une décision mardi sur l’avenir du champ, le directeur général et président Mark Little ayant précédemment déclaré que l’abandon complet était une « réelle possibilité ».

Mais, mardi, l’entreprise est restée muette, pour finalement annoncer mercredi soir qu’au lieu d’abandonner le champ, les sept partenaires de Terra Nova ont réorganisé leur participation dans le projet. Suncor prendra une participation de 48 % plutôt que 38 %, et Equinor a confirmé jeudi qu’elle se retirerait complètement. Aucune autre information sur les changements de propriétés n’a été fournie.

Suncor a déclaré que les partenaires nouvellement organisés fourniraient un « financement à court terme » pour le projet jusqu’à l’automne, lorsque les propriétaires prendraient une autre décision quant à la possibilité de prolonger la durée de vie du champ.

Les détails doivent encore être finalisés et approuvés, a déclaré Suncor, et l’entente est conditionnelle à ce que le gouvernement provincial respecte son offre de 205 millions de dollars en espèces – qui proviendra d’un fonds de 320 millions de dollars offert par Ottawa l’automne dernier pour renforcer le secteur pétrolier – et un ajustement de redevance évalué à environ 300 millions de dollars.

Pendant ce temps, l’offre de la province est conditionnelle à l’avancement des travaux pour prolonger la durée de vie du champ pétrolifère pour la prochaine décennie, a confirmé le ministre Parsons jeudi.

Si tout se passe bien, le nouvel accord de redevances versera à Terre-Neuve-et-Labrador 35 millions de dollars sur la durée de vie prolongée de 10 ans du projet, a déclaré le gouvernement.

Le premier ministre Andrew Furey a défendu ce montant jeudi, affirmant que Terra Nova était « assez lucrative » pour la province, du point de vue des redevances, depuis qu’elle a commencé à extraire du pétrole en 2002.

« Il n’est pas rare dans les projets pétroliers en fin de vie, de jeter un œil au régime des redevances », a déclaré Andrew Furey aux journalistes.

Le premier ministre et le ministre de l’Énergie ont tous deux souligné que les 205 millions de dollars en espèces provenaient d’un fonds fédéral spécifiquement destiné au secteur pétrolier en mer. « Je ne peux pas le dépenser ailleurs, il doit être dépensé dans le pétrole et le gaz », a déclaré Andrew Furey.

Il a noté qu’il y avait une pression « massive » sur le gouvernement pour acheter une participation dans le projet, et a déclaré qu’il était fier qu’Andrew Parsons ait refusé et tenu bon tout au long des négociations difficiles.

Suncor est également partenaire du projet West White Rose, dont l’avenir est également inconnu, qui vise à prolonger la durée de vie du champ pétrolifère de White Rose, à environ 50 kilomètres à l’est de Terra Nova.

Le gouvernement a accordé au propriétaire majoritaire Husky Energy, qui est maintenant Cenovus Energy, 41,5 millions de dollars en décembre dernier, provenant également du financement fédéral. Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que le montant beaucoup plus important accordé aux exploitants de Terra Nova inciterait Cenovus à demander de l’argent, Andrew Parsons a répondu fermement.

« Absolument pas, a-t-il dit. Je pense que nous avons envoyé le message ici que nous prendrons position, nous serons fermes, nous serons justes. Mais quand nous traçons la ligne, la ligne est là. »