AddÉnergie, qui fabrique des bornes de recharge pour véhicules électriques depuis 2014, veut tirer parti d’un marché sur le point d’exploser en Amérique du Nord en doublant sa capacité de production à Shawinigan.

« Nous sommes sur le point d’assister à un phénomène de masse », estime le président et fondateur de l’entreprise, Louis Tremblay, en faisant part de ses projets d’expansion.

Lors d’un entretien avec La Presse, M. Tremblay a expliqué que les projets d’investissements « agressifs » annoncés par les grands manufacturiers de véhicules nord-américains dans l’électrification des transports se traduiront par une augmentation de l’offre de voitures électriques à des prix comparables à ceux des voitures à essence et à une demande accrue pour les installations de recharge.

La demande pour les produits d’AddÉnergie est déjà telle que l’entreprise est à l’étroit dans ses installations de Shawinigan, où travaillent 50 personnes. L’entreprise a loué un édifice à la Société de développement économique de Shawinigan, situé à côté, pour augmenter sa production. L’investissement se limite « à quelques milliers de dollars », selon Louis Tremblay. De 13 500 qu’il était l’an dernier, le nombre de bornes assemblées dans les deux usines passera à 20 000 cette année et à 30 000 l’an prochain. Une trentaine de personnes s’ajouteront à l’équipe qui fait l’assemblage final des produits.

AddÉnergie exploite déjà un réseau de 40 000 bornes de recharge au Canada et aux États-Unis.

PHOTO SYLVAIN MAYER, LE NOUVELLISTE

Louis Tremblay, président d’AddÉnergie

« Nous mettons les pieds dans une phase d’accélération importante de nos volumes de production », affirme Louis Tremblay. La prochaine expansion sera probablement sur le sol américain, précise-t-il.

Le Québec reste le principal lien d’affaires de l’entreprise et le pivot de la croissance canadienne d’AddÉnergie, dont les principaux sous-traitants sont locaux.

Au Québec, où 100 000 véhicules électriques sont déjà sur les routes, l’objectif du gouvernement est d’augmenter ce nombre à 1,5 million en 2030.

Cet objectif sera dépassé, prévoit déjà Louis Tremblay.

AddÉnergie s’attend à une augmentation importante de la demande de bornes résidentielles, parce que 80 % de la recharge des véhicules électriques se fait à la maison.

Un « baume » pour Shawinigan

Pour la ville de Shawinigan, qui mise sur l’électrification des transports pour renaître après la perte de ses activités industrielles traditionnelles (aluminium, pâtes et papiers), l’annonce de l’expansion d’AddÉnergie est « un baume sur une plaie qui est encore ouverte », a commenté le maire Michel Angers.

Shawinigan vient d’apprendre que Nemaska Lithium, qui s’était installée dans une ancienne usine de pâtes et papiers de la ville pour investir dans la fabrication de lithium de qualité batterie, lui a tourné le dos pour déplacer ses activités dans le parc industriel de Bécancour.

La région s’est mobilisée pour dénoncer la décision de Nemaska Lithium, dont le principal actionnaire est le gouvernement du Québec.

PHOTO FOURNIE PAR NEMASKA LITHIUM

Nemaska Lithium quittera Shawinigan.

« Ce n’est pas une décision politique, a plaidé la députée de la région, la caquiste Marie-Louise Tardif. C’est une décision rationnelle basée sur une étude d’une firme d’ingénieurs. »

La députée s’est dite aussi déçue que tout le monde de voir le projet de Nemaska Lithium échapper à la région. « On va grafigner pour en avoir d’autres », a-t-elle assuré en conférence de presse.

Depuis ses débuts, AddÉnergie a bénéficié d’appuis importants de la part du gouvernement du Québec et d’Hydro-Québec. Investissement Québec et la Caisse de dépôt et placement du Québec sont au nombre de ses actionnaires.

À la fin de 2020, l’entreprise a récolté 53 millions dans une ronde de financement privé pour accélérer son expansion.