Moins de deux semaines après avoir relevé ses prévisions financières, BRP versera jusqu’à 350 millions de dollars pour racheter ses actions, ce qui pourrait permettre à la famille Beaudoin-Bombardier de récolter près de 100 millions.

Le constructeur de véhicules récréatifs, qui roule à vive allure depuis le début de la pandémie de COVID-19 et qui a commencé son exercice du bon pied en dépassant les attentes au premier trimestre, a fait part des détails de son offre, mardi. L’opération sera réalisée par l’entremise d’une « adjudication à la hollandaise modifiée ». Ce processus permettra aux actionnaires d’offrir leurs actions à un prix d’au moins 94 $ et d’au plus 113 $.

La firme d’investissement américaine Bain Capital, l’autre grand actionnaire de l’entreprise établie à Valcourt, en Estrie, ne participera pas au rachat. Il n’a pas été possible de savoir pourquoi.

« Il est vraiment du choix de chacun de nos actionnaires de participer ou non, a expliqué par courriel une porte-parole de BRP, Magalie Valence. Nous ne pouvons commenter sur les décisions d’investissement. »

L’annonce du rachat a fait grimper le cours du titre de l’entreprise à la Bourse de Toronto, où il a clôturé mardi à 97,56 $, en hausse de 3,67 $, ou 3,9 %.

Une situation financière « très solide »

Lundi, l’action à droit de vote subalterne avait terminé la séance à 93,89 $, loin du sommet de 119,63 $ atteint le 27 avril. Depuis le début de l’année, le cours de l’action affiche une progression de 17,7 %.

Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, a estimé que la situation financière du constructeur des Ski-Doo, Sea-Doo et Can-Am demeurera « très solide » même s’il retournera jusqu’à 350 millions à ses actionnaires.

« Même si les deux prochains trimestres s’annoncent plus difficiles, la demande sous-jacente pour les produits récréatifs demeure vigoureuse et nous croyons que BRP continuera d’accroître sa part de marché en proposant continuellement de nouveaux produits », a souligné l’analyste, dans une note envoyée par courriel.

M. Doerksen n’a pas touché à son cours cible fixé à 125 $ pour l’action de BRP. Cette ancienne division des produits récréatifs de Bombardier avait été essaimée en 2003 et avait effectué son premier appel public à l’épargne en 2013.

BRP a expliqué que la famille Beaudoin-Bombardier participera à l’offre afin de conserver une « participation proportionnelle » dans l’entreprise par la suite. Elle devrait rafler 97 millions.

Par l’entremise de la société de portefeuille Beaudier et d’une société à numéro, les Beaudoin-Bombardier détiennent 27,7 % des actions subalternes et titres à droit de vote multiple en circulation et 46 % des droits de vote. Les rachats annoncés en 2017 et 2019 avaient permis à la famille d’empocher 216 millions.

De son côté, Bain détient 18,8 % des actions en circulation et contrôle 31,2 % des droits de vote.

En décidant de ne pas participer au rachat annoncé par BRP, la firme américaine témoigne des occasions « de création de valeur à long terme » offertes par le constructeur de véhicules récréatifs, a estimé Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, dans une note.

La cible de l’analyste à l’égard de l’action de la société est fixée à 131 $.

Au cours de la période de trois mois terminée le 30 avril, BRP a engrangé des profits nets de 244,4 millions, comparativement à une perte nette de 226,1 millions à la même période l’année précédente, marquée par les arrêts temporaires de production provoqués par la crise sanitaire.

Ses revenus ont progressé de 47 % pour atteindre un niveau record de 1,81 milliard pour un début d’exercice.