La pression politique s’accentue sur les travailleurs en grève d’Exceldor. Qualifiant « d’indécent » le gaspillage découlant de l’euthanasie d’un million de poulets, le premier ministre, François Legault a invité mercredi le syndicat à « saisir la main tendue » en acceptant que Québec nomme un arbitre pour dénouer l’impasse. Une proposition à laquelle a déjà acquiescé Exceldor.

« Les travailleurs ont le droit de grève et les employeurs ont le droit de lock-out, a-t-il écrit sur sa page Facebook. Mais on ne devrait pas avoir le droit de gaspiller aussi bêtement des quantités énormes de nourriture. C’est indécent. Dans une société comme la nôtre, une situation comme celle-ci ne peut être tolérée. »

« Il y a un moyen de régler ça rapidement, de façon équitable pour tout le monde, et en arrêtant le gaspillage, poursuit-il. On peut nommer un arbitre pour dénouer le conflit si l’entreprise et le syndicat le demandent. Exceldor a déjà accepté d’aller dans cette direction, mais on attend toujours le syndicat. Je les invite à saisir la main tendue. Il faut mettre fin à cette honte. Une solution existe. »

Rappelons que mardi, Joël Cormier, vice-président principal – Division poulet d’Exceldor coopérative avait déploré le fait que les rencontres de médiation visant à faire avancer les négociations pour mettre fin à la grève de l’usine d’abattage de Saint-Anselme évoluaient à un rythme beaucoup trop lent. Le conflit impliquant 550 travailleurs dure depuis le 23 mai.

C’est le ministre du Travail, Jean Boulet qui, après avoir été interpellé par Exceldor, a proposé aux deux parties de nommer un arbitre afin de trancher et de mettre fin au conflit, plus d’une semaine après qu’il ait mandaté une médiatrice pour tenter de dénouer l’impasse. Pour aller de l’avant, il a besoin à la fois de l’accord d’Exceldor et du syndicat. La coopérative s’est pour sa part dite ouverte « à toute mesure proposée qui mettra un terme le plus rapidement possible au gaspillage alimentaire, incluant l’arbitrage ».

Du côté du syndicat des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce (TUAC), on souhaite « donner une chance à la médiation », mentionne la porte-parole, Roxane Larouche. « C’est une bombe qui vient d’être lâchée », dit-elle en faisant référence aux différentes réactions politiques.

« À partir du moment où tu nommes un arbitre, ça veut dire qu’il va imposer une convention collective, souligne-t-elle. Ce n’est rien pour régler le problème. Ça va jeter de l’huile sur le feu. Ça vient nuire à tous les efforts de rapprochement. »

Les salaires et les assurances comptent parmi les principaux points de mésentente. Les syndiqués souhaitaient obtenir un salaire de 25 $ de l’heure. En mai, on leur aurait offert une rémunération passant de 20,71 $ à 22,51 $ de l’heure. La proposition aurait été rejetée. Selon Roxane Larouche, au-delà des salaires, le climat de travail toxique et malsain serait le nœud du problème.