Des membres de la haute direction d’Air Canada ont renoncé à leurs primes dans la foulée de la controverse à Ottawa.

« Les vice-présidents généraux et le président et chef de la direction actuelle d’Air Canada ont choisi de volontairement rendre leurs primes et leurs droits à la plus-value d’actions de 2020 », a indiqué l’entreprise dimanche soir dans un communiqué.

L’ancien président et chef de la direction d’Air Canada Calin Rovinescu, qui a pris sa retraite en février 2021, remettra la valeur de sa prime et de ses droits à la plus-value d’actions pour 2020 à la Fondation Air Canada.

« Pas le moindre dollar des contribuables et aucuns fonds provenant du soutien financier sectoriel du gouvernement du Canada ne servent à financer les primes destinées aux employés ou aux dirigeants d’Air Canada », a précisé l’entreprise aérienne.

Au début de l’année 2020, les hauts dirigeants et 3200 gestionnaires avaient volontairement consenti à une réduction totale de 11,5 millions de dollars de leur salaire de base. Cette baisse pouvait être compensée par des droits à la plus-value d’actions, a indiqué la compagnie.

« Un pas dans la bonne direction »

« Malgré le fait que cette situation aurait pu être complètement évitée par Air Canada, nous reconnaissons qu’il s’agit d’un pas dans la bonne direction de la part des cinq cadres supérieurs quant au remboursement des primes et des unités d’appréciation des actions qu’ils ont reçues pour l’année 2020, ont indiqué la vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, et le ministre des Transports, Omar Alghabra, dans une déclaration commune dimanche soir. Les Canadiens ont raison de s’attendre à ce que les entreprises se comportent de manière responsable – surtout en ce qui a trait à la rémunération des cadres – lorsqu’elles reçoivent un soutien financier de la part du gouvernement pendant la pandémie ».

Mercredi dernier, Justin Trudeau avait manifesté son mécontentement par rapport au versement de ces primes. Lors de la période des questions en Chambre, il a invité Air Canada à « expliquer sa décision et son raisonnement aux Canadiens » qui sont « choqués » d’avoir appris la nouvelle.

« Nous avons signé une entente qui, entre autres, limitait la rémunération des cadres […] On voit que, peut-être même alors qu’Air Canada était en train de négocier ses contrats avec nous, Air Canada donnait des bonis énormes aux cadres, ce qui est tout à fait inacceptable », a-t-il souligné.

Jeudi, une motion présentée par le député Xavier Barsalou-Duval a été adoptée unanimement par les députés.

« Que cette Chambre dénonce la décision de la haute direction d’Air Canada de s’attribuer des primes […] alors que la compagnie a reçu près de 6 milliards de dollars en aide publique », stipule la motion.

Le gouvernement fédéral et l’entreprise ont conclu il y a trois semaines un pacte de 5,9 milliards, en grande partie sous forme de prêts. L’accord prévoit le remboursement des clients dont les vols ont été annulés, mais également un achat d’actions totalisant 500 millions de dollars.

Avec Mélanie Marquis, La Presse