La pandémie de COVID-19 a permis à BRP de rouler à vive allure, mais le constructeur de véhicules récréatifs doit maintenant redoubler d’efforts s’il veut éviter de voir la pénurie de semi-conducteurs et de matériaux donner un coup de frein sur sa performance.

Alors que ses stocks se trouvent à des creux historiques, notamment en raison de la forte demande à l’endroit de ses produits, l’entreprise derrière les Ski-Doo, Sea-Doo et Can-Am est aux prises avec de nouvelles contraintes qui, à court terme, risquent d’avoir une incidence chez ses concessionnaires.

« Il y a les semi-conducteurs, des alliages, du plastique, du [similicuir] pour recouvrir les sièges de motomarines », a expliqué jeudi à La Presse le président et chef de la direction de BRP, José Boisjoli, en marge de l’assemblée annuelle et du dévoilement des résultats du premier trimestre. « C’est très varié. »

C’est le mois dernier que les premiers voyants rouges sont apparus chez certains fournisseurs, rattrapés par la pénurie de semi-conducteurs – composants que l’on retrouve dans les puces électroniques –, qui a déjà provoqué des interruptions de production chez bon nombre des plus importants constructeurs automobiles.

Le portrait est moins sombre dans le secteur des véhicules récréatifs, a assuré M. Boisjoli. Il est convaincu que l’entreprise établie à Valcourt, en Estrie, respectera ses engagements de livraison pour l’année. La société souhaite même accroître sa capacité de production de véhicules côte à côte à Juárez et de motomarines à Querétaro, au Mexique.

Mais entre-temps, BRP doit faire des pieds et des mains pour s’adapter aux contraintes de ses fournisseurs, en plus de moduler sa production en fonction de la demande ainsi que de la saisonnalité.

« À Valcourt, par exemple, nous assemblons des motoneiges, mais il manque quelques pièces, a relaté M. Boisjoli. Généralement, on commence à les expédier en août. Est-ce qu’on va expédier la motoneige une ou deux semaines plus tard ? Peut-être, mais on pense que notre plan tient la route. L’objectif est d’honorer nos engagements avec les concessionnaires. »

« Niveau record »

Parallèlement au dévoilement de résultats trimestriels bien au-delà des attentes des analystes, BRP a voulu se montrer rassurante en relevant ses prévisions pour l’exercice en plus de réitérer ses objectifs de production. Toutefois, les investisseurs semblaient davantage préoccupés par les défis qui se profilent à l’horizon.

Sur le parquet de la Bourse de Toronto, le titre de BRP a abandonné 4,52 %, ou 4,47 $, jeudi, pour clôturer à 94,25 $ – son cours le plus bas depuis le 10 mars dernier.

À court terme, les enjeux de production auront un impact négatif sur les marges du constructeur de véhicules récréatifs ainsi que sur les ventes au détail. Au premier trimestre, l’impact financier des contraintes liées à la chaîne d’approvisionnement a été chiffré à 35 millions.

Les problèmes de production avec les fournisseurs continuent d’affecter l’industrie. BRP continue d’adopter une approche proactive dans la gestion de ces contraintes, mais il semble que l’impact sera plus marqué [au cours des deux prochains] trimestres avant de s’atténuer.

Martin Landry, analyste de la firme GMP Stifel, dans une note

BRP a engrangé des profits nets de 244,4 millions, ou 2,79 $ par action, au cours de la période de trois mois ayant pris fin le 30 avril. À la même période l’an dernier, marquée entre autres par des arrêts de production en raison de la crise sanitaire, l’entreprise avait affiché une perte de 226,1 millions, ou 2,58 $ par action.

De leur côté, les revenus ont progressé de 47 %, pour s’établir à un « niveau record » de 1,81 milliard pour un début d’exercice. Le profit normalisé par action s’est quant à lui établi à 2,53 $, alors qu’il avait été de 26 cents par action, il y a un an.

Cette performance trimestrielle a dépassé les attentes des analystes, qui tablaient sur un chiffre d’affaires de 1,7 milliard sur un profit normalisé par action de 1,53 $, selon la firme de données financières Refinitiv.