(Toronto) La Banque de Montréal estime que les récentes modifications apportées aux règles des simulations de crise hypothécaires et le ralentissement des prix et des ventes dans certaines régions pourraient aider à calmer le marché immobilier du pays.

« Nous pouvons supposer, compte tenu de ce que nous constatons actuellement en ce qui concerne les prix et les ventes des logements, qu’il y aura une certaine modération », a affirmé mercredi la cheffe des services bancaires aux particuliers et aux entreprises en Amérique du Nord de la banque, Erminia Johannson, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.

« Mais le marché hypothécaire du Canada restera certainement assez robuste pour un assez bon moment. »

Mme Johannson faisait ces commentaires alors que la Banque de Montréal a surpassé les attentes des experts en dévoilant un profit du deuxième trimestre presque deux fois plus important que celui présenté pour la même période l’an dernier — période pour laquelle elle avait mis de côté d’importantes provisions pour les créances douteuses dans le contexte de forte incertitude qui prévalait au début de la pandémie.

Les nouvelles règles hypothécaires entreront en vigueur le 1er juin. Elles fixeront le taux d’admissibilité des prêts hypothécaires non assurés à deux points de pourcentage au-dessus du taux du contrat, ou à 5,25 %, selon le plus élevé des deux taux.

Le changement vise à soulager les marchés immobiliers comme ceux de Toronto et Vancouver, où les guerres d’enchères, la flambée des prix et une multitude de ventes étaient la norme pendant la pandémie de COVID-19.

Alors que les chambres immobilières des marchés les plus actifs ont signalé que les ventes ralentissaient et que les prix baissaient, les marchés les plus populaires restent hors de prix pour de nombreux acheteurs.

Il est difficile de prédire l’impact de la nouvelle simulation de crise, mais associée à une baisse des prix des maisons dans certaines régions, Mme Johannson croit qu’elle pourrait pousser les acheteurs à chercher des logements plus abordables ou à se tourner vers leurs parents pour obtenir de l’aide.

La Banque de Montréal se prépare déjà à ce qui pourrait arriver avec la nouvelle simulation, a expliqué le chef de la gestion des risques de la banque.

« Nous acheminons plus de prêts hypothécaires vers une adjudication manuelle, en particulier là où […] nous avons constaté une appréciation rapide des prix des logements, simplement pour nous assurer que nous sommes à l’aise », a expliqué Patrick Cronin lors de la même conférence téléphonique.

Le chef de la direction de la Banque de Montréal, Darryl White, a souligné que la pandémie avait entraîné des difficultés sans précédent, et que cela aurait des répercussions pendant un certain temps.

« Nous sommes devenus plus forts, soutenus par notre stratégie axée sur des objectifs et notre culture qui aidera à conduire une reprise durable et inclusive », a fait valoir M. White.

Résultats en hausse

Au cours du trimestre clos le 30 avril, la Banque de Montréal a réalisé un bénéfice net de 1,3 milliard, ou 1,91 $ par action, par rapport à celui de 689 millions, ou 1,00 $ par action, de la même période il y a un an.

Cette augmentation s’explique notamment par la baisse de la provision totale pour pertes sur créances, qui a reculé à 60 millions au cours du plus récent trimestre, comparativement à 1,1 milliard un an plus tôt, lorsque la pandémie a mis l’économie à l’arrêt.

Les revenus trimestriels ont totalisé près de 6,1 milliards, contre près de 5,3 milliards il y a un an.

Sur une base ajustée, la Banque de Montréal a déclaré avoir gagné près de 2,1 milliards, ou 3,13 $ par action, pour le trimestre, en hausse par rapport à un bénéfice ajusté de 715 millions, ou 1,04 $ par action, il y a un an.

Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 2,77 $ par action pour le plus récent trimestre, selon les prévisions recueillies par la société de données financières Refinitiv.

Le mois dernier, la Banque de Montréal a annoncé la vente de ses activités de gestion d’actifs en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique à Ameriprise Financial pour 1,09 milliard.

La Banque de Montréal était la première des grandes banques canadiennes à publier ses résultats du deuxième trimestre.

La Banque CIBC, la Banque Royale et la Banque TD dévoileront les leurs jeudi, suivies par la Banque Nationale vendredi. La Banque Scotia communiquera ses résultats la semaine prochaine.