(Francfort) Le géant américain de la tech Google est visé par une enquête en Allemagne pour des pratiques supposées mettre en danger la concurrence, ce dont il se défend, après une loi récente renforçant les pouvoirs d’action contre les géants du numérique.

L’office fédéral anti-cartel a ouvert mardi une enquête contre deux entités européennes de Google et sa maison-mère Alphabet aux États-Unis « conformément à la nouvelle réglementation pour les entreprises du numérique », selon un communiqué.

Le gendarme de la concurrence avait déjà lancé, au nom de cette loi adoptée en début d’année, une procédure contre Amazon en mai et contre Facebook dès janvier.

Les autorités indiquent vouloir déterminer si le « grand nombre de services » développés par Google lui octroient une « importance cruciale pour la concurrence sur les marchés », selon Andreas Mundt, président de l’Office fédéral, cité dans un communiqué.

Google exploite le moteur de recherche du même nom, la chaîne en ligne YouTube, le service de géolocalisation Maps, le système d’exploitation Android comme le navigateur Chrome.

Le tout forme un « écosystème » difficile à attaquer par ses concurrents, une situation que le gendarme allemand des marchés peut désormais sanctionner.

Auparavant, l’autorité devait prouver l’existence d’un abus de position dominante sur un marché précis, avant de prendre des sanctions liées à des pratiques spécifiques, moyennant une procédure plus fastidieuse pour un effet plus limité.

L’office a entrepris mardi une seconde procédure destinée à examiner « de très près les conditions de traitement des données » de ses utilisateurs, qui sont le cœur de métier de Google et des autres géants des « Gafas ».

Une « question centrale » sera ici de « savoir si les consommateurs disposent d’options suffisantes pour l’utilisation par Google de leurs données » dès lors qu’ils recourent à ses services, a ajouté M. Mundt.

La nouvelle réglementation antitrust allemande donne des exemples concrets de pratiques qui peuvent être interdites à une entreprise ayant une importance cruciale sur les marchés, rappelle l’Office.

Contactée par l’AFP, l’entreprise a expliqué que « les gens utilisent Google parce que nos offres leur sont utiles, pas parce qu’ils y sont obligés ou parce qu’ils ne trouvent aucune alternative », selon Ralf Bremer, porte-parole.  

Les consommateurs allemands ont en outre « un vaste choix » en matière de services en ligne et un « contrôle facile » sur la façon dont leurs informations sont utilisées, la même source ajoutant que cette utilisation était « limitée ».  

Google indique enfin vouloir coopérer « étroitement » avec l’autorité allemande de la concurrence.

Avec sa récente loi, l’Allemagne fait figure de pionnière dans la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles des géants du numérique en Europe, où un projet de régulation visant à mettre fin aux abus des géants du numérique, dévoilé en décembre par la Commission européenne, reste en discussion.