(Montréal) Le gouvernement du Québec prend une participation de 150 millions dans Olymel, en partie à travers un fonds visant à garder des sièges sociaux dans la province.

L’entreprise basée à Saint-Hyacinthe, en Montérégie, recevra 74 millions par l’entremise du Fonds pour la croissance des entreprises québécoises (FCEQ) et 76 millions d’Investissement Québec.

L’investissement devrait permettre à Olymel de réaliser des projets d’une valeur de 315 millions.

L’entreprise souhaite notamment améliorer l’efficience de ses processus et de ses équipements opérationnels dans ses usines de transformation, mettre à niveau des systèmes informatiques, aménager deux abattoirs de poulet existants afin d’effectuer du préemballage sur place, et ajouter un deuxième quart de travail à son usine d’abattage et de découpe de porc d’Ange Gardien, en Montérégie.

L’entreprise spécialisée dans la production, l’abattage, la transformation et la distribution de viande de porc et de volaille embauche près de 10 000 travailleurs au Québec, en plus de 4000 autres au Canada.

Lors d’une conférence de presse mardi après-midi, le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, a indiqué que l’investissement n’est pas en réaction à une crainte que l’entreprise quitte le Québec.

« Par contre, le meilleur moyen pour se prémunir pour que les sociétés quittent, c’est de les rendre plus fortes, a-t-il expliqué. Ce n’était pas défensif pour la perdre, c’était offensif pour la solidifier. »

Il semble évident pour le ministre que les Québécois font ainsi « un très bon investissement » et qu’ils « vont faire de l’argent », sans compter que le financement servira à moderniser et à accroître la productivité de l’entreprise.

« Il est important que le gouvernement mette de la charge dans les batteries pour les rendre plus productives », a déclaré M. Fitzgibbon.

Il s’agit du premier investissement fait par l’entremise du FCEQ, un fonds doté d’une enveloppe d’un milliard qui a pour objectif de soutenir les entreprises principalement exploitées au Québec qui ont un fort potentiel de croissance ou une importance stratégique pour l’économie québécoise. La protection des sièges sociaux est également au cœur de son mandat.

Trois semaines de grève plus tard

Alors qu’une grève générale illimitée touche depuis près de trois semaines l’usine d’abattage située à Vallée-Jonction, en Beauce, l’entreprise aurait demandé mardi matin de nouveaux reculs, selon les syndiqués.

« Pour nous, il s’agit donc d’une autre insulte, d’un nouveau manque flagrant de respect qui nous indique qu’Olymel n’a pas du tout l’intention de régler rapidement le conflit actuel », a estimé Martin Maurice, le président du syndicat de l’usine dans un communiqué.

L’usine exploitée par Olymel dans Chaudière-Appalaches est importante dans l’industrie puisqu’elle reçoit hebdomadairement entre 35 000 et 37 000 porcs.

Tout en se disant « sensible » à la réalité des éleveurs de porcs, M. Maurice a déclaré que « la balle est dans le camp de l’employeur ».

Olymel estime que le syndicat réclame des augmentations salariales de 35 % pour la première année et de 51 % sur trois ans et demi.

Ces demandes monétaires feraient en sorte de « sortir complètement Olymel Vallée-Jonction du marché », a estimé le président-directeur général, Réjean Nadeau, en réponse à une question de La Presse Canadienne.

« À titre d’exemple, Vallée-Jonction actuellement, les employés ont déjà une rémunération supérieure de 21,7 % de plus que l’ensemble de nos compétiteurs canadiens, a-t-il affirmé. Si on acceptait la demande syndicale, […] on serait dans un ordre de presque 65 % de plus que nos compétiteurs canadiens. »

Le ministre Fitzgibbon, qui venait de qualifier Olymel de « fleuron », a expliqué que l’appui gouvernemental survient « dans le contexte où historiquement il y a de bonnes relations de travail » et qu’« il n’y a pas lieu de croire que ça va changer ».

Le contrat de travail de quelque 1050 salariés est venu à échéance le 1er avril.