Vous possédez une petite entreprise qui a développé une technologie pour rendre les serres plus efficaces ? Hydro-Québec et Cycle Momentum, un accélérateur spécialisé en technologies propres, veulent vous rencontrer. Les deux partenaires annonceront lundi un appel de candidatures pour recruter, accompagner et financer jusqu’à concurrence de 50 000 $ une sélection d’entreprises québécoises.

Les projets, qui seront sollicités jusqu’au 2 juillet, visent à peu près tous les aspects de la production en serre, sur laquelle le gouvernement Legault mise pour une plus grande autonomie alimentaire au Québec. De la gestion de l’énergie au contrôle de l’humidité en passant par l’irrigation, l’éclairage, le chauffage et la récupération de chaleur, les entreprises retenues doivent avoir déjà conçu un prototype fonctionnel ou pouvoir le faire d’ici le début de 2022.

« Petits joueurs » innovants

Pour ce « Défi innovation ouverte : serres », elles pourront compter sur l’accompagnement des deux partenaires, de contacts directs avec des agriculteurs et des universitaires intégrés au projet. Une contribution financière du gouvernement du Québec de 50 000 $ ou 50 % des dépenses admissibles par entreprise est également offerte.

Pourquoi avoir visé les entreprises en démarrage et les petites et moyennes entreprises, plutôt que de grands acteurs qui offrent déjà des solutions sur le marché ? « Le but est de stimuler l’écosystème québécois ; ce n’est pas un seul joueur qui va nous donner la solution », répond Simon Racicot-Daignault, président d’InnovHQ, filiale d’Hydro-Québec qui se consacre à l’innovation et à la transition énergétique.

Il note que ce sont surtout de « petits joueurs » qui sont innovants dans ce secteur, et que leur collaboration avec les producteurs et les universitaires dans le cadre de ce projet sera plus facile qu’avec de grandes entreprises.

On ne veut pas développer des solutions pour un seul type de clients, juste pour les grandes serres industrielles. Si on veut accroître l’autonomie alimentaire, ça va prendre tous les types de joueurs, du petit fermier qui vend à la ferme ou au marché local jusqu’au plus gros.

Simon Racicot-Daignault, président d’InnovHQ

« Pas de temps à perdre »

Depuis décembre 2020, Hydro-Québec, qui offre un tarif préférentiel aux producteurs en serre à 5,59 cents le kilowattheure, a abaissé le seuil de consommation de 300 à 50 kW afin d’augmenter le nombre de bénéficiaires. On s’attend à ce que les ventes annuelles liées à la serriculture passent de 250 gigawattheures actuellement à 450 gigawattheures d’ici 10 ans.

Pour Patrick Gagné, président et chef de la direction de Cycle Momentum (ex-Ecofuel), un accélérateur fondé par la firme de capital-risque Cycle Capital, il est important que ce programme aboutisse à des ententes commerciales bien tangibles.

« Les start-up et les PME n’ont pas de temps à perdre. En neuf mois, on est capables de mettre en place un projet de cette envergure, de développer des preuves de concept, des projets pilotes qui aboutissent à des ententes commerciales. »

« Une de nos préoccupations, c’est d’arriver à la fin avec quelque chose de concret, renchérit M. Racicot-Daignault. En consultation, on nous a dit : “On ne veut pas seulement des études et des promesses.” »

Depuis l’apparition de la COVID-19 au Québec, en mars 2020, le premier ministre François Legault a répété à plusieurs occasions son intention d’accroître l’autonomie alimentaire. En novembre dernier, il a déposé sa Stratégie de croissance des serres 2020-2025 visant à doubler la production de fruits et légumes. Elle est assortie de quatre programmes dotés d’une enveloppe globale de 112 millions.