(Montréal) Le propriétaire de Vidéotron et des chaînes LCN et TVA Sports reproche à Bell d’être en constant conflit d’intérêts lorsque vient le temps de négocier les redevances pour les chaînes spécialisées.

Le grand patron de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a profité de sa tribune à l’assemblée annuelle des actionnaires du Groupe TVA, mardi, pour lancer une nouvelle salve contre Bell Canada.

Bell est « dans une situation permanente de conflit d’intérêts, incapable de pouvoir adéquatement nous rémunérer », a lancé M. Péladeau, qui occupe aussi le poste de président et chef de la direction par intérim du Groupe TVA.

« Groupe TVA est parvenu à négocier des tarifs […] avec tous les câblodistributeurs, à l’exception de Bell », a dit M. Péladeau, soutenant que l’entreprise de télécommunications refuse de « reconnaître la juste valeur marchande » des chaînes de TVA.

Le litige commercial porte sur le montant des redevances que Bell devrait verser au conglomérat pour la distribution de ses chaînes spécialisées, notamment LCN, mais surtout TVA Sports, qui accumule les difficultés.

Les résultats financiers de TVA Sports pour l’année 2020 ont été marqués par le report du début de la saison 2020-2021 de la Ligue nationale de hockey et par la baisse générale du nombre d’évènements sportifs dans le monde, a d’ailleurs justifié M. Péladeau dans son discours.

Questionné par La Presse Canadienne sur l’état du désaccord avec Québecor et sur sa prétendue position de juge et partie, Bell Canada a répondu qu’elle ne commentera pas « les négociations commerciales ».

Dans l’ensemble, les résultats financiers du Groupe TVA pour l’exercice 2020 affichent un bénéfice d’exploitation de 85,3 millions, en hausse de 17 % par rapport à 2019, malgré une baisse de 10 % des produits d’exploitation qui se sont chiffrés à 508,1 millions.

« Cette croissance a été alimentée en grande partie par la situation ponctuelle de TVA Sports ainsi que par les différentes mesures d’aide gouvernementales offertes dans le contexte de la crise sanitaire », a expliqué Anick Dubois, la vice-présidente aux finances.

Mme Dubois a précisé que le Groupe TVA a touché près de 29 millions par l’entremise de la Subvention salariale d’urgence mise en place par le gouvernement fédéral.

Dans la circulaire de sollicitation transmise aux actionnaires en amont de l’assemblée, on apprend que l’ancien patron de TVA Nouvelles et de TVA Sports, Serge Fortin, a reçu le 15 février une somme de 849 551 $ « en vertu d’une entente de gré à gré » qui a conduit à la rupture de son lien d’emploi. Cette somme est un peu plus élevée que sa rémunération totale reçue en 2020. L’organisation avait annoncé son départ immédiat à la fin septembre sans donner de raison.

La présidente et chef de la direction, France Lauzière – qui prend une pause professionnelle d’une durée pouvant aller jusqu’à six mois – a de son côté reçu une rémunération totale de 1,3 million l’an dernier, en incluant sa rémunération à titre de chef de Québecor Contenu.

Le Groupe TVA est une compagnie cotée en Bourse. Il est le plus important diffuseur au Québec. TVA et ses chaînes spécialisées affirment rafler 40,6 % des parts de marché. La chaîne principale occuperait à elle seule 24,2 % du marché.