Le producteur d’énergie renouvelable québécois Boralex envisage de se lancer dans le stockage de l’énergie, afin d’augmenter ses revenus alors qu’un nombre croissant de distributeurs chargent un prix plus élevé pour l’électricité consommée aux heures de pointe.

Un parc solaire permettrait par exemple de produire de l’électricité sur l’heure du midi, lorsque le soleil plombe, une énergie qui serait emmagasinée afin d’être consommée plus tard à l’heure de pointe du souper, et donc vendue plus cher.

Les fluctuations du prix de l’électricité en cours de journée « représentent une opportunité pour le stockage » et les investissements dans les batteries, a déclaré mercredi le président et chef de la direction de Boralex, Patrick Decostre, lors d’un appel avec des analystes pour discuter des résultats du premier trimestre.

Des tarifs de ce type existent déjà en Californie, où Boralex brasse des affaires, mais l’entreprise n’a pas encore de capacités de stockage dans ses installations.

« Il pourrait être intéressant d’optimiser des sites existants avec de petits investissements pour déplacer de la production d’un moment de la journée à un autre », leur a dit M. Decostre.

Selon lui, cette tendance des réseaux de distribution présente « davantage d’opportunités que de risques ».

Au cours du dernier trimestre, Boralex a signé un contrat d’achat d’énergie d’une durée de cinq ans avec IBM France.

« Il y a une nouvelle grande tendance de grandes corporations à signer avec des compagnies comme la nôtre », a noté le grand patron.

Soucieuses de leur responsabilité sociale et de la décarbonisation de leurs activités, de grandes entreprises publiques veulent s’approvisionner entièrement en énergies vertes.

Ce type d’entente est gagnant-gagnant puisqu’il permet à Boralex de prolonger la durée de vie d’un parc au terme de contrats plus longs.

M. Decostre, qui est entré en poste à la fin de 2020 peu avant le départ de Patrick Lemaire, estime que dans ce secteur, la demande dépasse l’offre, si bien que son organisation souhaite développer ce créneau à mesure que des contrats avec des distributeurs viennent à échéance en France.

Profit net en baisse au premier trimestre

Boralex a affiché mercredi un bénéfice net du premier trimestre en baisse de 18 % par rapport à la même période un an plus tôt, malgré une hausse de 3 % de ses revenus.

Le producteur d’énergie renouvelable québécois a engrangé un profit net attribuable aux actionnaires de 34 millions, soit 33 cents par action, pour le trimestre clos le 31 mars. En comparaison, il avait réalisé un bénéfice de 41 millions, ou 43 cents par action, pour la même période un an plus tôt.

Les revenus générés par la vente d’énergie ont grimpé à 206 millions au plus récent trimestre, comparativement à ceux de 200 millions du même trimestre en 2020.

Boralex a attribué cette hausse des revenus à une augmentation de la production d’énergie. Celle-ci a avancé de 6 % sur un an, passant de 1533 GWh l’an dernier à 1630 GWh au plus récent trimestre.

Les analystes attendaient en moyenne un bénéfice de 33 millions et un chiffre d’affaires de 217 millions, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

À la Bourse de Toronto, mercredi après-midi, l’action de Boralex cotait à 36,74 $, en baisse de 81 cents, ou environ 2,2 %.

Au cours du dernier trimestre, Boralex a ajouté 180 MW de nouveaux projets, dont 143 MW dans le solaire et 37 MW dans l’éolien, contribuant ainsi à la diversification de l’entreprise.

Le plus récent rapport financier trimestriel révèle que l’éolien représentait, en date du 31 mars dernier, près de 82 % de la puissance installée nette de 2455 MW de Boralex, par rapport à 9 % pour le secteur solaire et 7 % pour l’hydroélectricité.

L’entreprise est en bonne voie de dépasser son objectif de 2800 MW en 2023. D’ici là, des projets de 61 MW sont en construction ou prêts à construire et 542 MW de projets sont sécurisés, pour un total de 3058 MW. Le projet d’Apuiat, sur la Côte-Nord, pourrait cependant être réalisé en 2024.

Boralex s’est aussi départie d’une centrale française qui était son dernier actif de production d’énergie fossile, devenant ainsi producteur à 100 % d’énergie renouvelable.

Présente dans les secteurs de l’énergie éolienne, hydroélectrique, thermique et solaire, Boralex a construit et exploite des sites au Canada, en France, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Elle a généré l’an dernier des revenus supérieurs à un demi-milliard de dollars.

L’empreinte géographique de l’entreprise est principalement au Canada (46 %) et en France (42 %). Elle a récemment pris du galon aux États-Unis où le pays de l’oncle Sam représente désormais 12 % de son portefeuille.

Boralex dévoilera le 17 juin une mise à jour de ses objectifs financiers pour 2023, dans le cadre d’une conférence destinée aux investisseurs.