(Toronto) Vendre sur les lieux de production intéresse de plus en plus les cultivateurs de cannabis.

Depuis le 21 avril, Thrive Cannabis est le premier producteur autorisé en Ontario à vendre des articles du cannabis là où ils sont produits.

La vente à la ferme consiste à rassembler toutes les étapes de la production, de l’ensemencement jusqu’à la vente, dans un même lieu.

Certaines provinces ont mis à l’essai cette pratique. D’autres pourraient aussi emboîter le pas.

Ce type de vente est autorisé en Saskatchewan, même si on n’y retrouve encore aucune boutique sur un lieu de production.

En Colombie-Britannique, des entreprises prévoient lancer des activités semblables à partir de 2022.

En Ontario, plusieurs souhaitent imiter Thrive Cannabis et offrir des produits sur leur ferme d’ici la fin de l’année.

Toutefois, avant de pouvoir vendre leur produit dans leur installation en Ontario, les entreprises doivent détenir un permis d’exploitant pour la vente au détail, une autorisation de vente au détail et subir avec succès plusieurs inspections.

À la mi-avril, la Commission des alcools et des jeux de l’Ontario avait reçu 14 demandes de licence d’exploitant pour la vente au détail. Six d’entre elles ont été approuvées : Thrive, Tweed Inc., Dykstra Greenhouses, Medz Cannabis Inc., Muskoka Grown Ltd. et Level Up Infusions.

Parmi les neuf demandes de vente de détail dans un lieu de production, seules deux entreprises ont reçu une approbation des autorités : Thrive et Medz.

Canopy Growth, qui détient la marque Tweed, souhaitait se lancer dans la vente dans ses installations de Smiths Falls, mais elle a décidé de mettre son plan en attente jusqu’à plus tard cette année.

Certains veulent aller de l’avant parce qu’ils croient que ces programmes d’achat sur les lieux de production permettront aux consommateurs d’acheter plus rapidement du cannabis plus frais, particulièrement dans lez zones rurales où une succursale la plus proche peut être située à une distance considérable.

La chance de fidéliser une marque et de sensibiliser les clients sur les produits est une énorme occasion pour les entreprises de pot, dit Denis Gertler, conseiller principal en réglementation au sein du cabinet de conseil CannDelta.

Un sondage de juin 2020 auprès de 3000 consommateurs canadiens de cannabis de la firme de recherche Brightfield Group indiquait que ces facteurs ont pesé sur la reconnaissance des marques. L’enquête a révélé que la plupart des marques de cannabis n’étaient connues que de 1 à 15 % des personnes interrogées. Aucune marque n’avait un taux de notoriété supérieur à 41 %.

Vendre sur les lieux de production peut résoudre ce problème, car « c’est l’occasion pour une entreprise avisée de promouvoir une marque », comme l’ont fait les brasseurs artisanaux, dit M. Gertler, qui reconnaît que ce modèle n’est pas exempt de défis.

« Les distilleries se trouvent souvent dans ce genre de régions. Beaucoup qui vendent sur les lieux de production sont essentiellement des fermiers. Toutefois, l’alcool n’est pas aussi stigmatisé que le cannabis », souligne-t-il.

Robyn Rabinovich, vice-présidente des initiatives stratégiques de Thrive, est convaincue que l’entreprise peut se créer une clientèle similaire à celle des établissements vinicoles.

« Ces consommateurs deviennent les plus grands défenseurs d’une marque après en avoir appris plus sur le processus de production », dit-elle.

La Première Nation de Williams Lake surveille la situation de près.

Cette communauté située à six heures de Vancouver a commencé à construire une installation de culture et un magasin sous le nom de Sugar Cane Cannabis après avoir signé un accord avec la Colombie-Britannique.

Les négociations ont été ardues, mais le gouvernement provincial s’est finalement adouci.

« Il a vu cela comme une réelle occasion, un moyen pour les personnes qui exploitent de petits commerces, qui veulent faire la transition vers le marché légitime pour les rendre viables », dit Kirk Dressler, le directeur des services juridiques et corporatifs de la communauté.

Le chef Willie Sellers prévoit que cela créera de l’emploi et stimulera le tourisme sur son territoire.

« Tous ceux qui viendront dans notre magasin pourront entendre parler de ce voyage que nous avons fait et de la manière dont nous cultivons notre cannabis. C’est emballant et amusant de penser à ces trucs de pointe. »

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