La dissolution du syndicat à la Banque Laurentienne est maintenant officielle. Le Conseil canadien des relations industrielles a révoqué mercredi l’accréditation syndicale couvrant environ 600 employés de la banque.

La décision du tribunal fédéral suit un vote des employés l’hiver dernier en faveur de la révocation, mais survient aussi après l’abandon par le syndicat de démarches judiciaires visant à faire invalider la demande de révocation de l’accréditation syndicale.

La direction de la Laurentienne a fait savoir mercredi que « suite à la résolution des griefs du syndicat à l’endroit de la banque », le syndicat avait retiré ses plaintes concernant la révocation de l’accréditation syndicale.

« Les griefs ont fait l’objet d’un règlement et nous retirons les contestations », confirme la présidente du syndicat, Julie Tancrède « Pour le reste, les parties ont convenu d’un règlement mutuellement satisfaisant et elles se sont engagées à en préserver la confidentialité », ajoute-t-elle sans vouloir commenter davantage.

La Presse avait révélé l’hiver dernier que la direction de la banque avait offert 1,8 million de dollars afin de convaincre les deux principaux dirigeants syndicaux de quitter l’entreprise, de régler des griefs et de s’assurer que le syndicat ne s’oppose d’aucune façon à la démarche de désyndicalisation.

Julie Tancrède avait alors affirmé qu’elle ne commenterait aucune offre que la banque avait pu ou pourrait faire. Elle dénonçait toutefois l’ingérence de l’employeur dans les affaires syndicales.

Dans un courriel envoyé aux employés qu’elle représentait, Julie Tancrède souligne que les relations de travail entre « votre syndicat et la banque » sont tendues depuis de nombreuses années.

Vous en avez été témoins. Vous avez été appelés à vous prononcer à plus d’une reprise sur votre volonté à conserver votre syndicat. C’est difficile pour la vie syndicale. Même pour un syndicat qui a plus de 50 ans d’histoire.

Message du syndicat obtenu par La Presse

« Les employés ayant voté en faveur du maintien de l’accréditation sont conscients de l’importance d’un syndicat dans un milieu de travail. Toutefois, le rapport de force d’un syndicat se base notamment sur la cohésion des membres qui le composent et la démonstration de cette solidarité face à un employeur. Il nous est difficile de croire que nous pourrions améliorer les relations de travail avec la banque avec un résultat de vote minoritaire. C’est pourquoi nous avons pris la décision, évidemment très difficile, de ne pas contester la révocation de l’accréditation syndicale », est-il précisé dans la communication.

Syndiqués depuis 1967

Le syndicat, affilié FTQ, était présent à la Laurentienne depuis 54 ans, soit depuis 1967.

Les syndiqués de la banque s’étaient prononcés à la fin de l’hiver pour la désyndicalisation dans une proportion de 56,6 %.

Ce résultat annoncé le 19 mars ne menait toutefois pas directement à une révocation, puisque le syndicat avait déposé une plainte pour pratique déloyale sur laquelle le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) devait se pencher.

Il s’agissait de la quatrième démarche de désyndicalisation en cinq ans à la banque. La première tentative, qui n’avait pas abouti en dépôt au CCRI, était survenue à la fin de 2016. Deux démarches similaires avaient échoué en 2018 (dans le premier cas, plus de 60 % des syndiqués s’étaient prononcés pour le maintien de l’accréditation, alors que le CCRI avait écarté la requête subséquente après avoir découvert que les déclarations soumises en preuve à l’appui de la demande comportaient des signatures falsifiées).

L’effectif de la Laurentienne est actuellement d’un peu moins de 3000 employés, dont environ 600 étaient jusqu’ici syndiqués. Le syndicat comptait près de 2000 membres il y a cinq ans. Ce nombre a considérablement diminué après des abolitions de postes.

Après de longues et difficiles négociations, une nouvelle convention collective avait été signée en 2019.