(Paris) Le vaccin contre la COVID-19 de Pfizer, actuellement l’un de ceux vendus le plus cher, n’est pas plus coûteux qu’un repas et sera proposé sans faire de bénéfices aux pays pauvres, notamment en Afrique, a déclaré jeudi le patron du laboratoire américain.

« Les vaccins ont un prix inestimable », a assuré Albert Bourla, patron de Pfizer, dans un entretien commun aux quotidiens français Les Échos, allemand Handelsblatt, italien Corriere Della Serra et espagnol El Mundo.  

Ils sauvent des vies humaines, ils permettent de rouvrir les économies, mais nous les vendons au prix d’un repas.

Albert Bourla, PDG de Pfizer,

Le vaccin de Pfizer, développé en commun avec l’allemand BioNTech, est — avec celui de Moderna —, celui qui a été acheté le plus cher par la Commission européenne pour la campagne de vaccination, selon des données révélées voici quelques mois par un membre du gouvernement belge.

Un repas de plus en plus cher

Et, alors que Bruxelles négocie près de deux milliards de doses supplémentaires de ce vaccin pour les années à venir, le prix devrait encore monter, selon le premier ministre bulgare, Boïko Borissov.

Pris à l’unité, le vaccin « Pfizer coûtait 12 euros (18 dollars canadiens), puis est passé à 15 euros (22,50 dollars canadiens) et les contrats sont désormais signés pour […] un montant de 19,5 euros (29,25 $ dollars canadiens) », a-t-il déclaré dimanche dans des propos rapportés par le site Euractiv.

Le gouvernement canadien n'a pas divulgué combien il paie pour ses différentes commandes de vaccins.

Ces prix contrastent avec le britannique AstraZeneca qui a promis de ne pas faire de bénéfice sur son vaccin le temps de la pandémie et l’a vendu moins de deux euros l’unité à Bruxelles.

Les montants cités par M. Borissov n’ont pas été confirmés par M. Bourla, mais il a reconnu que son vaccin était vendu plus cher aux pays développés comme les membres de l’UE et les États-Unis.

« Dans les pays à revenu intermédiaire, nous le vendons à la moitié de ce prix », a-t-il détaillé. « Et dans les pays à faible revenu, en Afrique par exemple, nous le distribuons à prix coûtant. »

Plusieurs observateurs jugent toutefois improbable que le vaccin Pfizer/BioNTech soit largement distribué dans les pays africains, car, au-delà de deux semaines, il doit être conservé à des températures extrêmement basses en raison de sa technologie à ARN messager.

Mais « nous pourrions arriver, dans quelques mois, à une formulation qui nous permettra de conserver le vaccin 4 à 6 mois à une température classique », a annoncé M. Bourla, se disant par ailleurs « déçu » par le fait que Pfizer n’ait pas davantage bénéficié en Bourse du succès de son vaccin.