Depuis que Jessye Grundlingh a immigré de l’Afrique du Sud au Canada, il y a 10 ans, le travail dans la restauration a représenté une partie importante de sa carrière professionnelle.

Son travail de serveuse lui a procuré un revenu fiable pendant qu’elle travaillait à la croissance de sa propre entreprise d’artisanat et l’a aidée à payer ses frais de scolarité à l’Ontario College of Art & Design University.

Mais lorsqu’elle a perdu son emploi dans un restaurant de Toronto où elle avait travaillé pendant 10 ans, Mme Grundlingh a décidé qu’il était temps de tourner le dos définitivement au travail dans l’hôtellerie et s’est tournée vers le développement de son entreprise.

« Lorsque la pandémie a frappé […], ça m’a simplement incité à développer sérieusement mon entreprise d’une manière différente », a raconté Mme Grundlingh, qui a également fini par déménager hors de la ville pour s’installer dans la beaucoup plus petite municipalité de Colborne, en Ontario.

« J’ai dû compenser la perte de revenu. »

Avec des restaurants fonctionnant à capacité réduite depuis plus d’un an maintenant, Mme Grundlingh a indiqué qu’elle n’était pas la seule à chercher d’autres avenues de travail. Cela pourrait entraîner une pénurie de main-d’œuvre lorsque les restaurants rouvriront, éventuellement.

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« Je vois beaucoup de mes autres collègues explorer différents intérêts personnels et je suis certaine que certains dans ce secteur sont retournés à l’école en ce moment ou ont décidé de retourner trouver du travail dans d’autres secteurs où ils ont été par le passé », a-t-elle illustré.

Il est difficile de trouver des serveurs avec de l’expérience et c’est un travail qui demande plusieurs années d’expérience : c’est un travail très stressant, cela demande beaucoup de compétences générales que vous n’obtiendrez nulle part ailleurs, et il est difficile de former les gens.

Jessye Grundlingh, serveuse

Cependant, le président et chef de la direction de Restaurants Canada, Todd Barclay, ne s’attend pas à voir des difficultés dans l’embauche à court terme lorsque les restaurants rouvriront finalement, car le nombre de travailleurs de l’industrie sans travail, estimé à 320 000 personnes, est très élevé.

Mais M. Barclay reconnaît aussi que l’industrie avait déjà des dizaines de milliers de postes vacants à travers le pays avant la pandémie, et que ces postes devront être pourvus dans les années à venir.

« À court terme, tout ira bien parce que […] il y a encore beaucoup de chômeurs dans notre industrie qui ont hâte de rentrer », a indiqué M. Barclay, dont l’organisation représente les restaurants, des points de vente locaux indépendants aux chaînes nationales.

« Mais à plus long terme, à mesure que les choses reviendront à la normale, nous avons certaines préoccupations, car il y avait déjà un problème de [manque de personnel] avant la pandémie. »

Plus sécuritaires qu’un rassemblement à domicile

Selon lui, les gens devraient considérer une carrière dans l’industrie de la restauration comme une expérience enrichissante, soulignant qu’il s’agit d’un secteur diversifié dans lequel de nombreux travailleurs sont des femmes, des personnes racialisées et des immigrants récents.

« L’industrie représente en fait une occasion significative pour les gens, qui leur permet de grandir et de développer leur carrière », a fait valoir M. Barclay, qui a également souligné que cela pouvait aussi être une bonne occasion pour les étudiants.

« Le problème, c’est qu’une fois que nous recommencerons, nous ne savons pas si les gens vont choisir cette industrie étant donné ce qui s’est passé au cours des 12 derniers mois. »

C’est pourquoi son organisation préconise que les restaurants jouent un rôle important dans la réouverture économique partout au Canada.

M. Barclay a rappelé que des responsables ont déjà estimé qu’un environnement contrôlé dans un restaurant était plus sûr pour la COVID-19 que les rassemblements à domicile, où il n’y a souvent pas de garanties telles que la distanciation en place.

Nous croyons et nous savons que nous pouvons être un élément sécuritaire de la réouverture de l’économie.

Todd Barclay, président et chef de la direction de Restaurants Canada

Mais lorsque les restaurants renoueront avec leur pleine capacité, Mme Grundlingh a dit s’attendre à ce que les restaurants aient du pain sur la planche pour remplacer le personnel de longue date.

« Les serveurs qui sont dans notre restaurant depuis des années sont les serveurs les plus difficiles à remplacer », a-t-elle estimé.

« Il sera difficile de trouver des serveurs pour répondre aux compétences qui ont été développées au fil de nombreuses années. »