L’effet Brian McManus ne s’est pas fait attendre chez Uni-Sélect. Le jour même de l’annonce de sa nomination, jeudi, à titre de président-directeur du conseil d’administration du distributeur de pièces d’automobile de Boucherville, l’action a bondi de 24 %.

« La réalité est que j’ai passé beaucoup de temps à réfléchir à l’occasion que m’offre cette entreprise de rallumer la flamme en moi. J’ai hâte de commencer », dit Brian McManus en entrevue avec La Presse.

Avant de commencer officiellement le travail chez Uni-Sélect, l’ex-PDG de Stella-Jones doit d’abord être élu par les actionnaires lors de l’assemblée prévue le 13 mai.

Brian McManus affirme donc qu’il est « beaucoup trop tôt » pour parler de ce qu’il entend accomplir. Il a l’intention de se placer en mode écoute pour quelques mois avant de dessiner un plan stratégique en compagnie de l’équipe de direction en place.

« Brian a un intérêt particulier pour le secteur automobile. Il a commencé très jeune à s’intéresser à ce domaine. C’est une industrie qu’il aime beaucoup », a dit la présidente du conseil d’Uni-Sélect, Michelle Cormier.

« Les étoiles étaient bien alignées. C’est toujours une question de timing, ces choses-là. Il ne voulait pas redevenir PDG d’une entreprise. Il ne voulait pas retourner à un travail de 80 heures par semaine. Mais il souhaitait être impliqué dans une entreprise plus que simplement en tant que membre du conseil d’administration. Il voyait qu’il y aurait possiblement de belles occasions stratégiques. »

Brian McManus avait annoncé son départ de Stella-Jones à l’été 2019 pour des raisons personnelles. En 18 ans chez Stella-Jones, il a orchestré plus de 20 acquisitions aux États-Unis et au Canada ayant permis à l’entreprise montréalaise spécialisée dans les traverses de chemin de fer et les poteaux électriques de faire grimper son chiffre d’affaires de 96 millions de dollars à plus de 2 milliards. Sous son règne, la capitalisation boursière de Stella-Jones est passée de 20 millions à 3 milliards.

Il est, depuis le printemps dernier, associé chez Cafa, banque privée spécialisée en financement d’entreprise, en conseil ainsi qu’en fusion et en acquisition. Il restera associé chez Cafa, mais dans un rôle de « conseiller sénior ». « Uni-Sélect occupera la majorité de mon temps », dit Brian McManus.

Un président-directeur du conseil d’administration n’est pas un poste considéré à « temps plein », dit Michelle Cormier. « Un président exécutif est plus impliqué dans les opérations qu’un président du conseil, mais n’est pas considéré comme indépendant. Je deviendrai administratrice principale pour assurer la bonne gouvernance du conseil et assurer une vue indépendante pour nos actionnaires », précise-t-elle.

Dans son rôle chez Uni-Sélect, Brian McManus sera appelé à travailler étroitement avec le président et chef de la direction, Brent Windom, pour amener Uni-Sélect à un « autre niveau ».

Une nomination transformatrice

Pour l’analyste Benoit Poirier, chez Valeurs mobilières Desjardins, l’arrivée de Brian McManus chez Uni-Sélect représente un game changer (un élément pouvant changer les choses) pour accélérer la création de valeur pour les actionnaires.

« C’est un vote de confiance dans le potentiel d’Uni-Sélect », affirme pour sa part son collègue de la TD, Daryl Young.

Les investisseurs semblent d’accord. L’action d’Uni-Sélect a gagné 24 %, à 11,20 $, jeudi à Toronto, réaction qui ne surprend pas Nauman Satti, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. « Souvenez-vous que le titre de Stella-Jones avait perdu environ 15 % dans la foulée de l’annonce du départ de Brian McManus. »

Nauman Satti s’attend maintenant à ce que les choses bougent chez Uni-Sélect, qu’il s’agisse d’acquisitions ou de la vente de certaines activités sous-performantes. Mais puisque le niveau d’endettement d’Uni-Sélect demeure relativement élevé, Nauman Satti croit que Brian McManus devra d’abord « faire de la place au bilan » avant de penser à générer de la croissance dans un marché toujours fragmenté.

Déjà des changements

D’autres changements ont été annoncés jeudi chez Uni-Sélect. Le chef de la direction financière, Eric Bussières, partira pour être remplacé le mois prochain par Anthony Pagano. Ce dernier a notamment travaillé chez RBC Marchés des Capitaux, Dollarama, Restaurant Brands (Tim Hortons et Burger King) et Terrapure Environmental dans les dernières années.

Richard Roy et Rob Molenaar quitteront par ailleurs leur poste d’administrateur, alors que la Caisse de dépôt et placement du Québec – actionnaire d’Uni-Sélect – tentera de faire élire un représentant au conseil d’administration le mois prochain.

L’annonce de tous ces changements en même temps laisse croire qu’ils ont été bien planifiés dans les derniers mois et permettent de penser que Brian McManus pourrait arriver sur les chapeaux de roue et être immédiatement opérationnel, souligne Nauman Natti.

Même si l’action d’Uni-Sélect a atteint jeudi son plus haut niveau des 52 dernières semaines, elle accuse toujours un repli d’environ 70 % depuis son sommet d’il y a quatre ans. Des résultats décevants, des mises à pied et la suspension du dividende afin de préserver les liquidités ont notamment fait partie du passé récent de l’entreprise.